De la Fédération de Russie (la Russie pour les intimes), on ne sait finalement pas grand chose, seulement ce que les quelques stéréotypes harponnés à notre cerveau veulent bien nous en dire : c’est le pays le plus vaste de la planète, ses habitants ont un goût prononcé pour les alcools forts et incolores avec parfois de l’herbe aux bisons dedans et leur président fraîchement réélu brille par son sens de l’humour très particulier... et puis deux ou trois autres trucs que l’on ne listera pas ici. Question musique, on n’en sait pas beaucoup plus, on a bien cet article, on est aussi capable de citer quelques autres groupes (Drukdh par exemple, mais on triche puisqu’ils sont ukrainiens) mais c’est à peu près tout. En revanche, on pourra désormais compter sur Vagiant pour briller dans les salons...

Vagiant et sa mixture amphétaminée qui emprunte un peu à ce que toutes les musiques énervées et contestataires ont pu amener de plus intéressant : un côté math-rock bien prononcé, un côté noise à ne pas négliger, un soupçon de punk ironique et une pointe d’expérimentation dans les sauts du coq à l’âne qui habitent en permanence les morceaux.
Une voix qui dégueule littéralement des petites histoires un rien atrabilaires à base d’aliénation mentale, d’abus de substances diverses et de fleurs aussi avec de temps en temps des chœurs féminins en contrepoint.
Une ossature sauvage parfois rehaussée de soli de guitare à vingt-cinq doigts mais heureusement pas souvent et quand c’est le cas, c’est tellement court que ça s’intègre plutôt bien au morceau et puis quelques passages mélodiques et patraques assez réussis (la fin de How Bad Is Your Karma ou le début de Molerats par exemple) qui contrastent avec les multiples cassures rythmiques qui disloquent la plupart des titres.
Quand Origins Of Man abat sa carte hardcore (option étrange et iconoclaste), Eternal Quest For Endless Beauty, lui, brouille les pistes et part dans tous les sens. Ce qui est finalement le cas de tous les morceaux à bien y regarder. Tiraillé par son envie d’explorer plusieurs sentiers en même temps, il arrive que Vagiant dilue sa mixture et nous perde en cours de route mais l’EP est court et la formule tellement jubilatoire que ces toutes petites réserves s’effacent bien vite devant l’envie de remettre Gospel According To Vagiant au début dès qu’il est terminé. Passé le premier titre (un monologue en Russe assez court), ces quelques instantanés sauvages et débridés ne demandent qu’à épicer votre journée alors laissez tomber la vodka et goûtez plutôt au math-rock exploratoire de Vagiant, promesse des mêmes effets mais sans la gueule de bois.