Le streaming du jour #280 : Bobby Valentine - ’Bobby’s World’
Bobby Valentine, nous explique Shawn Lee entre deux virées funk avec son compère californien AM, serait un génie méconnu de la soul blanche des 70’s versant psychédélique et orchestré, habitué du circuit des cabarets de Vegas à Paris en passant par Londres qui n’aurait jamais percé au-delà du cercle d’initiés mais qu’admirèrent secrètement à l’époque Sammy Davis Jr, Andy Williams ou Stevie Wonder. Mais oui... et la marmotte, elle roule son bédo dans du papier alu ?
On nous avait déjà fait le coup du David Axelrod hirsute parti méditer son jazz/funk enfumé au fin-fond du désert de Mojave, alors un improbable croisement de Sixto Rodriguez et Frank Sinatra féru de reprises, de cordes morriconiennes, de cuivres lounge ou martiaux et de basses rondes à la Gainsbourg ? Et soi-disant culte auprès du public français ? Et qui chante avec la voix de Shawn Lee ? Bon OK, tout français que nous soyons et pas dupes du succès qu’aurait pu avoir pareil crooner sous acide dans nos contrées en pleine hégémonie yéyé, accordons donc au touche-à-tout londonien (féru quant à lui de soul électrique et d’instruments vintage, tiens tiens...) le bénéfice du doute lorsqu’il prétend avoir déniché grâce à un ami l’un des 100 exemplaires pressés à l’époque de ce chef-d’œuvre à ce point oublié qu’on ne trouve nulle part mention de son auteur sur la Toile. Et passons sur le recul quasi post-moderne qu’aurait vraisemblablement nécessité ce Light My Fire à la sauce James Bond multipliant les clins d’œil instrumentaux au Walk On By d’Isaac Hayes, des fameux decrescendos de violons aux tonalités des guitares wah-wah, ou cette relecture acid jazz du Don’t You Worry ’Bout A Thing de Stevie Wonder justement, que l’on rapprocherait plus volontiers de Roy Ayers - mais est-ce de l’auto-tune que l’on entend à 1’40 ?
Car d’où qu’elles viennent et surtout de quand, que leur indéniable cachet 70’s (jusque sur la pochette aux couleurs délavées) soit feint ou authentique, qu’elles fassent preuve d’une surprenante fidélité aux couleurs des originaux (de Good Vibrations à Sunny en passant par The Look Of Love) ou les plient irrémédiablement à une ambition mélangeuse proprement inouïe (transcender d’entrée de jeu A Day In The Life des Beatles par un intro dantesque aux allures de symphonie cosmique, ou incarner sans complexe le fantasme d’un Wichita Lineman interprété par Tom Jones et arrangé par Bacharach, ça n’était pas à la portée de tout le monde), les versions de Bobby’s World se suffisent à elles-mêmes et évitent joliment le piège de la pose... qui qu’il soit le bonhomme y croit, y prend un plaisir fou et du coup nous aussi, finalement c’est aussi simple que ça.
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