"Un lieu de silence, pour que tous chantent en votre absence." Derrière ce titre poétique mais lourd de sens se cache le premier EP de João Alegria Pécurto, enregistré dans sa chambre à Lisbonne avec une guitare acoustique, quelques synthés, deux ou trois fantômes et les émanations quasi palpables de son angoisse existentielle.

Portugal un jour, Portugal toujours : on n’en finit plus d’explorer les richesses autoproduites de cette terre océanique décidément fertile en talents post-rock, électro ou ambient. C’est d’ailleurs sur conseil de l’excellent Leonardo Rosado que nos oreilles se sont attardées sur les boucles d’arpèges acoustiques de João Alegria Pécurto, pensant d’abord y repérer l’influence prépondérante du guitariste argentin Gustavo Santaolalla avant de réaliser que ses compositions hypnotiques à la frontière de la folk et du drone avaient au moins autant à voir avec le minimaliste sériel d’Alexander Turnquist ou de James Blackshaw... en plus hanté.

Car si le jeu de cet admirateur avoué de Nick Drake apparaît d’emblée résolument mélodique, quoique nettement plus austère que ceux des deux virtuoses de la 12-cordes précédemment cités, c’est pour mieux nous attirer dans les filets de ses dissonances malaisantes à mesure que les nappes de claviers discordantes s’érigent en véritables vortex d’angoisse sourde. Autant dire que l’univers du bonhomme ne manque de pas de singularité, et que l’on s’intéressera de très près à ses deux prochains EPs annoncés pour bientôt.