Disponible en digital depuis début janvier via Bandcamp en attendant une sortie chez Mosaic qui devrait survenir cet hiver dans la foulée de la prochaine tournée du groupe, le premier album de SAKYA à l’image du fabuleux Volume de Lab° l’an dernier fait voler en éclats le pré carré d’une scène dub française en pleine réinvention.

Car à l’instar également de Brain Damage en ouverture desquels les Landais ont fait leurs armes sur scène entre autres premières parties pour High Tone ou Kaly Live Dub, la musique de Pré n’a plus de dub que l’origine, préférant d’emblée sur Ducoup nous perdre dans un dédale de sinuosités polyrythmiques à la Tortoise, avant d’offrir sur Titi un écrin noise-rock déconstruit mais puissant à la poésie erratique et aux envolées lyriques du Basque Beñat Achiary, improvisateur vocal croisé au côté de Michel Portal ou Derek Bailey qui intervient par ailleurs sur le méditatif Gare Ou Sel.

Et si Nawack en toute fin d’album renoue quelque peu avec les basses profondes et les beats syncopés des soundsystems, c’est néanmoins dans une veine nettement plus abstraite à la tension toute cinématique que la lumière noire de ce dernier instrumental fait son petit effet, un extrait vocal du film Dark Cristal faisant écho à l’ambivalent Ghost qui samplait trois titres plus tôt les chœurs à la mélancolie très zen du Japonais Kenji Kawaii (extraits de la BO de Ghost in the Shell ) et en remixait les percussions en mode glitchy sur fond de math-rock tribal pour un résultat proche de l’ampleur symphonique.

Quant à Aérith, bien que moins marquant de prime abord, c’est peut-être bien dans sa fusion de post-rock orageux et de claviers planants que le disque culmine, développant au fil de ses breaks indus ou jungle un univers hybride aussi versatile qu’ambitieux qui tire le meilleur des corps comme des machines.