Si Mayer Hawthorne partage avec Stones Throw, sa famille d’accueil de LA, un amour inconsidéré pour J Dilla, c’est bien du côté de Curtis Mayfield ou des fleurons de l’âge d’or de la Motown que le natif d’Ann Arbor tire le plus gros de son inspiration depuis son premier opus A Strange Arrangement, engouffré en 2009 dans la brèche ouverte par Aloe Blacc, comme lui multi-instrumentiste, pour faire basculer le label hip-hop et avant-jazz de Peanut Butter Wolf et Madlib dans la soul et le R&B vintage.
Une soul qui privilégie la douceur à l’efficacité d’un Plan B, à l’image du falsetto de son auteur ou de ses harmonies ensorceleuses héritées de Smokey Robinson & The Miracles, et ne s’embarrasse d’aucun post-modernisme à la Jamie Lidell mais n’en sonne pas moins actuelle par sa dimension pop et immédiate. Manquait néanmoins un brin de relief dans la production, Hawthorne portant d’ores et déjà toutes les casquettes au contraire de Blacc qui convoquait tout de même Oh No et Madlib sur Shine Through en 2006 avant de confier les manettes de Good Things au duo Truth & Soul l’an dernier.
Un aspect que le jeune homme a depuis appris à maîtriser, en attestent l’épuré I Need You aux cordes crève-coeur dignes d’Al Green ou le plus synthétique et funky No Strings, singles probablement annonciateurs d’un nouvel opus cette année :
Mayer Hawthorne - No Strings (Classixx Original) by stonesthrow
(le second également remixé dans une veine plus sensible par un certain DJ Jazzy Jeff avec un groove old school pas bien loin de Stevie Wonder)
... et surtout l’entier EP de reprises que le Californien d’adoption vient de mettre à disposition gratuitement via Twitter. Enregistré à diverses occasions et notamment en tournée l’an dernier avec son backing band The County, Impressions couvre finalement un spectre assez large, de la pop progressive d’ELO avec leur tube Mr. Blue Sky à celle de l’oublié des 70’s Steve Salazar décédé prématurément en passant par l’électro-funk du duo québécois Chromeo, le Rhythm & Blues exalté des Isley Brothers ou le songwriting désarmant du magicien Jon Brion, producteur pour Aimee Mann ou Eels également apprécié pour ses très belles BO de Punch-Drunk Love, Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou Magnolia (et moins malheureusement pour le mésestimé et pourtant superbe Meaningless de 2001 demeuré jusqu’ici sans suite). L’occasion de découvrir l’attachement du musicien à une classic pop délicate et rétro qui prend le pas ici sur ses influences habituelles pour un résultat aussi touchant qu’élégant.
Et pour en savoir plus sur la genèse de ces reprises, rendez-vous sur le site de Stones Throw où Mayer Hawthorne se fend d’un petit track-by-track.
