Révélé sur EP par le netlabel portugais Cakes & Tapes l’an dernier, Yuni In Taxco fleure bon le surf sur les plages mexicaines où le projet vit le jour en 2009, le néo-tropicalisme et les rêveries psychédéliques. On les aurait jurés Californiens et facilement rangés quelque part entre Girls et Abe Vigoda en plus décontracté, c’est pourtant de Seattle, ville industrielle et berceau du grunge que nous vient ce premier opus aussi reposant que fulgurant à découvrir via Bandcamp, associant mélodies candides et production foisonnante à une esthétique résolument lo-fi.

Si les harmonies rappellent parfois Animal Collective (cf. l’ouverture d’Eduardo Kac’s Dream Song), sempiternelle comparaison pour peu de s’aventurer aux confins du folklore tropical (qu’il soit caribéen, africain ou sud-américain), des musiques tribales et d’un psychédélisme échevelé, on se gardera bien de prêter trop de crédit à cette référence souvent galvaudée pour lui préférer l’influence des Beach Boys de Wild Honey, des Ruby Suns des débuts ou même de Dan Bejar pour le soupçon d’excentricité romantique de certaines mélodies vocales, le combo faisant justement la première partie de Destroyer ces jours-ci en son fief de Seattle.

Et si l’album, dont le nom fait fait référence aux yeux "trois quarts blancs" dont l’iris réduit peut notamment résulter d’un abus de stupéfiants ou d’une certaine instabilité mentale, pourra d’abord laisser un arrière-goût de frustration avec ses 12 morceaux atteignant rarement les 3 minutes, l’immédiateté, l’insouciance et la totale absence de prétention qu’il dégage ne devraient avoir aucun mal à provoquer l’addiction, de ses passages les plus cotonneux (l’enfumé Bake Eyes, l’extatique Dead Moons ou le somnolent Friends) aux plus enlevés (le rétro Nasty And Mean et ses faux airs mélodiques de Last Shadow Puppets, la chevauchée morriconienne Postprandial Depression, le pop-punk des deux premières minutes de Psychic Sister).