Révélé par le fabuleux EP Fidelity de son projet Connecticut en 2008 (cf. les quatre derniers morceaux du player dans l’ordre sur myspace), Pierre Troel aka Fulgeance nous était alors apparu, au côté de DJ Blockbass aux platines et du MC Don Da None comme le tout meilleur héritier des premiers albums d’Abstrackt Keal Agram avec ses fusions instrumentales d’électro schizophrène et de breakbeats épiques lorgnant tantôt sur le hip-hop cinématique du RJD2 des débuts, tantôt sur le jazz-hop abstrait de Q-Tip. Un chef-d’oeuvre aussi efficace qu’érudit qui se permettait notamment de faire référence aux fameuses Planètes du compositeur anglais Gustav Holst en samplant sur le titre éponyme le final du merveilleux Saturn avec une classe rarement égalée depuis les affleurement orchestraux de Deltron 3030.
Malgré la mise en sommeil de cette formation inexplicablement demeurée obscure et qu’on espère toujours voir revenir au premier plan avec un éventuel album, le Parisien s’est forgé depuis en une poignée d’EPs une belle réputation de beatmaker singulier, de Chico en 2007 au récent Glamoure paru fin octobre sur son label Musique Large (et en écoute dans l’ordre inverse de ses titres via soundcloud), en passant par Low Club en 2008 (pour citer les trois volets de cette série numéroté) ou encore l’excellent Smartbanging de l’an dernier. Une trajectoire qui l’aura vu dévier peu à peu vers la funk, le hip-hop 8-bit ou même l’italo-disco avec force claviers analogiques d’un autre âge, entre romantisme rétro-futuriste et breakbeats syncopés, ce qui avouons-le est un peu moins pour nous plaire même si d’excellentes relectures signés Kelpe (que Fulgeance remixait lui-même à coups d’infrabasses très dancefloor sur l’EP Extraquarium en 2008), Gablé ou encore Huess, respectivement tentés par la dubtronica, la folktronica et le glitch-hop viennent apporter un peu de profondeur de champ au petit dernier de la série dont voici mis en images le morceau éponyme :
Repéré par Alpha Pup, Fulgeance avait participé en février dernier au côté du rappeur Nocando à l’une des fameuses soirées Low End Theory organisées par Daddy Kev, et c’est via un podcast mixé par le patron du label en personne (et à écouter jusqu’au bout pour retrouver l’excellent Baths aux manettes sur une deuxième moitié de mix largement égocentrée et riche en inédits) que se dévoile London Falling en avant-goût dark et minimaliste d’un premier long-format à paraître début 2011 au sein de cette structure montante de Los Angeles, connue de nos lecteurs pour héberger les talentueux Take, Nosaj Thing ou encore Dibiase.
En espérant que le résultat ait davantage en commun avec Prefuse 73 dont le bonhomme vient de faire la première partie à Paris qu’avec Giorgio Moroder, on se rassurera pourquoi pas avec le nouvel EP de son projet Souleance (au côté du DJ parisien Soulist) plus orienté soul comme son nom l’indique avec également des accents de blaxploitation, de musique brésilienne ou de psychédélisme, et armé d’un groove 70’s imparable.