On le sait depuis Shades Of Blue et ses relectures virtuoses de standards Blue Note, Madlib n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’attaque frontalement au jazz, genre qui a nourri plus que tout autre son approche de la production hip-hop depuis ses débuts avec les séminaux Lootpack au milieu des années 90. L’ont déjà confirmé cette année les albums de Young Jazz Rebels et The Last Electro-Acoustic Space Jazz & Percussion Ensemble, faux groupes et vrais alias découverts par le biais du projet Yesterdays Universe en 2007, en attendant le septième volet de ses Medicine Shows à paraître mardi chez Stones Throw, intitulé High Jazz en hommage à un album méconnu de la formation jazz fusion Stanton Davis’ Ghetto/Mysticism daté de 1976.
Associé au batteur Karriem Riggins (déjà présent sur Yesterdays Universe ) et au claviériste James Poyser, habitués tous deux des productions pour les Roots, Common ou encore Erykah Badu pour laquelle le Beat Konducta avait justement produit deux morceaux du gracile Return Of The Ankh en mars dernier, Madlib nous offre ainsi en guise de mise en bouche l’une de ses rares véritables collaborations jazz, lui qui nous avait plutôt habitués à jouer de tous les instruments sur les enregistrements du Yesterdays New Quintet notamment, avec un Funky Butt Part 1 lorgnant pour le coup sur la funk brésilienne :
L’occasion également de faire un second point sur cette série de mixtapes dont la fréquence mensuelle se maintient et qui fait de Madlib le beatmaker le plus productif de cette année 2010. Certes rien jusqu’ici qui soit à la hauteur du parfait Flight To Brazil déjà mentionné dans nos pages, mais on goûtera avec plaisir l’apesanteur voluptueuse d’un 420 Chalice All-Stars qui réussit l’exploit de nous faire avaler 80 minutes de dub tirant fortement sur le reggae et la musique traditionnelle jamaïcaine, le chaos psychotrope de The Brain Wreck Show et son hommage assez passionnant à l’âge d’or du psychédélisme toutes cultures confondues, l’afro-funk 70’s d’un Beat Konducta In Africa qui passe comme une lettre à la poste malgré ses transitions un brin redondantes, et même une compilation efficace et sans prétention de vieux instrus hip-hop avec History Of The Loop Digga, couvrant les dix premières années d’activité du californien, lequel n’aura décidément jamais été aussi intéressant que depuis que sa fanbase underground l’a lâché.