Bien longtemps qu’on n’avait plus vraiment eu de nouvelles de Roky Erickson, mis à part quelques concerts depuis 2007 et un featuring sur Devil Rides offert aux écossais de Mogwai en face-B de leur single Batcave il y a deux ans. Mais c’eut été mal connaître le texan, figure du garage rock et précurseur du shoegaze des Spacemen 3 avec les 13th Floor Elevators dès la seconde moitié des années 60, que de le voir déjà un pied dans la tombe après être revenu de toutes les drogues et même d’un internement en hôpital psychiatrique pour fous criminels dans les années 70, marquant la fin de l’aventure de ce groupe séminal à coups d’électrochocs.
En témoigne ce premier opus en quatorze années, venu d’on ne sait trop où et enregistré en compagnie d’Okkervil River, voisins d’Austin dont le leader Will Sheff s’est effacé une fois n’est pas coutume pour tenir le rôle de simple instrumentiste et producteur au service des chansons de cette légende vivante du rock psychédélique, datées pour certaines d’entre elles de cette période d’enfermement de trois ans et couchées à l’époque par la mère de l’artiste sur un magnétophone.
"Les choses que Roky a perdu, il ne les retrouvera jamais. Mais ce qu’il en a appris, ce qu’il a mis dans ces chansons, est réel, puissant et sincère", commente Sheff, qui s’est même amusé à interviewer son compagnon d’aventure. "Cet album n’a rien du come-back cynique et tiède, il s’agit là des meilleures chansons que Roky ait jamais écrites, restées inédites par la seule force des choses, des décennies de problèmes personnels et de fourvoiement du music business."
True Love Cast Out All Evil sera disponible dès le 20 avril en import américain via Anti-Records en attendant une distribution européenne courant juin par Chemikal Underground, mais pour patienter on vous propose de découvrir sur myspace Goodbye Sweet Dreams, premier extrait désabusé qui troque rapidement le faux apaisement de l’acoustique contre un crescendo agité de l’intérieur par les distorsions, feedback et autres montées de fièvre vocales.