Eiffel - A Tout Moment

Liés par le coeur ou par le sang, les membres d’Eiffel nous reviennent plus forts que jamais afin de nous délivrer leur sombre poésie et de faire rimer "fin de décennie" avec "énergie". Chronique d’un retour inattendu au succès garanti.

1. Minouche
2. A Tout Moment la Rue
3. Le Coeur Australie
4. Je M’Obstine
5. Sous Ton Aile Voir la vidéo Eiffel - Sous Ton Aile
6. Cet Instant Là
7. Mort J’Appelle
8. Nous Sommes du Hasard
9. Clash
10. Ma Blonde
11. Mille Voix Rauques
12. Ma Nébuleuse Mélancolique

date de sortie : 05-10-2009 Label : PIAS

Ravages du temps qui passe, aléas de la vie, intermittence des événements, le nouvel album d’Eiffel témoigne de la vulnérabilité des choses. Une création artistique qui sous de nombreux aspects s’expose pratiquement à la rupture. La fragilité d’une corde de guitare contractée au maximum, d’une voix rocailleuse libérée à plein volume ou d’une toile de fond tendue servant de terrain d’expression à ce quatrième effort collectif.

"Tu dis que ça ne durera pas
Mais prenons le tant que c’est là
Tu dis que ça ne durera pas
Mais prenons le cet instant-là."

- A tout moment le coup dur est envisageable : Il y a deux ans c’est un avenir très incertain qui se profilait à l’horizon des bordelais. Lâchés par leur maison de disque, la séparation est envisagée peu de temps après la sortie de Tandoori.

- A tout moment l’espoir peut renaître : En début d’année le groupe signe chez PIAS et voit son projet de nouvel album refaire surface. La formation change de visage et reprend le chemin du studio avec de nombreux aménagements. Estelle Humeau range sa guitare au placard pour se mettre à la basse et permettre d’enrôler Nicolas Bonnière, transfuge de chez Dolly. Côté batterie on note le retour de Nicolas Courret après sept années d’exil.

- A tout moment la rue peut aussi dire non : Nouvel hymne déclamé par le single du même nom (ou presque) et que l’on n’imagine sûrement pas s’accorder avec une éventuelle, mais peu probable, hostilité du public.

La hargne et la persévérance de Romain Humeau ont en effet à nouveau porté leurs fruits, et sont les ingrédients fondateurs d’un opus de qualité en allant jusqu’à transparaître dans les textes même du chanteur : « Je m’obstine » , « J’file droit au clash ». Un exercice d’écriture intime dans lequel il excelle de plus en plus, rejoignant au titre de "poètes les plus doués de leur génération" son voisin et ami Bertrand Cantat qui l’accompagne d’ailleurs sur A tout moment la rue. Seule exception au programme, Mort J’appelle, texte de François Villon pioché dans des archives datant de 1431 et qui, à ce titre, étonne par son rendu impeccable dans un registre rock et moderne tout en bénéficiant d’arrangements classieux où cordes et piano font de ce morceau un véritable aparté.

Côté concrétisation du projet et enregistrement proprement dit, c’est à l’inverse en totale collectivité que les choses prennent forme. En famille ou entre amis, outre les noms déjà évoqués on peut ainsi entendre Salomé, la fille de Romain et Estelle, réaliser les chœurs sur Mille voix Rauques, ou même Clémentine, dernier membre du clan Humeau, venir greffer à plusieurs reprises quelques notes de hautbois.

Quatre années après la sortie de L’Eternité de l’instant, escapade solo mais véritable grand album de Romain Humeau, le bordelais retrouve la pleine mesure de ses moyens. La différence entre ces deux projets n’en devient même que peu flagrante, si bien qu’on peut s’interroger quant aux intentions originelles de ces compositions. N’étaient-elles pas destinées à un second album personnel à une époque où l’avenir du groupe s’écrivait au conditionnel ? Les similitudes d’acerbité et d’instrumentation finale qui existent entre cette ancienne pièce maîtresse qu’était Je M’en Irais Toujours, et ce nouveau grand sommet érigé avec Clash, ne font que renforcer cette impression.
L’analogie s’arrête toutefois là où l’ouvrage collégial gagne en élégance. Et il faut bien avouer que les apports de piano, banjo ou autres sifflements se reçoivent à bras ouvert. Des titres comme Le Cœur Australie, Sous Ton Aile et Je M’obstine dévoilent ainsi tout leur charme avec peut-être un peu moins de spontanéité mais s’avèrent après quelques écoutes au moins aussi efficaces que les quelques bombes à implosions immédiates.

Ajustant avec minutie âpreté, délicatesse, diction impeccable et montées en puissance, Eiffel délivre un rock rugueux qui passe comme une lettre à la poste et ne demande qu’à être expédié chez vous.

Chroniques - 22.10.2009 par Pol
 


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La dernière fois que j’ai parlé du groupe Eiffel a un ami, c’était dans la rue. La dernière fois que j’ai parlé du groupe Eiffel dans ces colonnes, c’était fin septembre 2007, en titrant la news "Eiffel à la rue !" ; d’ailleurs quelques semaines après ça, l’ami Bertrand Cantat retrouvait enfin la liberté de pouvoir en traverser quelques-unes de rues. (...)