D’abord, deux disques essentiels, de ceux qu’il faut avoir. Parce qu’ils n’ont pas vieilli et qu’ils ne vieilliront jamais. Parce qu’ils ont souvent été imités, mais jamais égalés, pas même par leurs auteurs. The Feelies.
Le premier, Crazy Rythms, sorti en 1980 chez Stiff Records est l’œuvre d’un groupe météore qui existe depuis deux ans et qui n’existera pas au-delà, réunion de quatre nerds du New Jersey au look de premiers de la classe, la moitié avec des lunettes, les trois-quarts avec des cols en V : Bill Million (guitare, voix et percussions), Glenn Mercer (guitare, voix et percussions), Keith Clayton (basse, voix et percussions) et Anton Fier (batterie et percussions). Le titre et le line-up ne trompent pas et sous la pochette bleue se cache une polyrythmie proprement étourdissante, charivari de clochettes, claves, râpes et crécelles maltraitées. Par-dessus, des guitares qui répètent en boucle les mêmes notes brèves et vibrantes et une voix singulière, comme étouffée. Quelque chose comme le Velvet en plus underground, carrément tribal, ou encore comme la collision rêvée entre le premier Modern Lovers et les Talking Heads. Essentiel. Un chef d’œuvre.
Le second arrive six ans plus tard, The Good Earth. Du line-up originel, il ne reste plus que Bill Million et Glenn Mercer, Keith Clayton et le fantas(ti)que Anton Fier (un temps membre des fabuleux Lounge Lizards, il fondera ensuite les Golden Palominos) étant partis pour d’autres aventures. Les Feelies sont désormais cinq et cette fois-ci, c’est un peu le Velvet Underground à la campagne. Co-produite par Peter Buck de R.E.M. (un fan de la première heure), la musique s’est assagie, elle est presque folk. Mais sous l’apparente quiétude, accélérations étranges et faux-plats rappellent que la tension et la fièvre timide des Feelies est bien présente. Essentiel. Un chef d’œuvre. Encore.
Et voilà qu’aujourd’hui, ces deux albums sont enfin réédités (par Bare None pour les Etats-Unis et le Canada et par Domino pour le reste du monde) en CD et vinyle 180 grammes : enregistrements remasterisés, notes de pochette écrites par les critiques Jim Deragotis et Jim Sullivan, packaging deluxe et tutti quanti. C’est pour le 08 septembre prochain, le lendemain, les Feelies se produiront d’ailleurs au festival All Tomorrow’s Parties pour y jouer Crazy Rythms dans son intégralité.
On trouvera pour chacun d’eux quelques bonus mais attention, pas sur les versions physiques, les Feelies ne voulant pas dénaturer les originaux, estimant qu’ils se suffisent à eux-mêmes. Démos, faces B, enregistrements live et raretés issues de quelques EP du groupe seront donc disponibles via une carte de téléchargement numérique fournie avec les albums. Paint It Black, ajoutée à l’époque de la première réédition de l’album en CD (1992) par A&M contre l’avis du groupe est même absente de Crazy Rythms. Ascètes et esthètes jusqu’au bout, les Feelies ! Mais on espère quand même une version CD de ces bonus un de ces jours...
Tracklisting Crazy Rythms :
1. The Boy With The Perpetual Nervousness
2. Fa Cé-La
3. Loveless Love
4. Forces At Work
5. Original Love
6. Everybody’s Got Something To Hide (Except Me And My Monkey)
7. Moscow Nights
8. Raised Eyebrows
9. Crazy Rhythms
Bonus Crazy Rythms :
1. Fa cé-La (single version)
2. The Boy With The Perpetual Nervousness (Carla Bley demo version)
3. Moscow Nights (Carla Bley demo version)
4. Crazy Rhythms (live)
5. I Wanna Sleep In Your Arms (live) (Modern Lovers cover)
Tracklisting The Good Earth :
1. On The Roof
2. The High Road
3. The Last Roundup
4. Slipping (Into Something)
5. When Company Comes
6. Let’s Go
7. Two Rooms
8. The Good Earth
9. Tomorrow Today
10. Slow Down
Bonus The Good Earth :
1. She Said, She Said (Beatles cover)
2. Sedan Delivery (Neil Young cover)
3. Slipping (Into Something) (live)
Glenn Mercer, Vinny DeNunzio, Dave Weckerman, Adam Berardo et Bob Torsello interprètent Crazy Rythms au Maxwell’s à Hoboken.