A moins de taper dans le glauque et l’apocalyptique façon The Bug, dire qu’on a rarement pris notre pied en écoutant du ragga dancehall relèverait de l’euphémisme. Aurait-on donc si facilement changé d’idée à la découverte du projet Major Lazer, né de la nouvelle collaboration entre le DJ anglais Switch (à gauche sur la photo) et le génial producteur américain Diplo (au passage petit erratum, la liste d’invités annoncés en février dans nos pages pour son prochain album solo était en réalité celle du disque dont il va être question ici, plutôt une bonne nouvelle d’ailleurs pour ceux qui espéraient une suite plus personnelle au superbe Florida ) ?
Entre des morceaux surf-ragga qu’on verrait bien dans une BO de Tarantino, d’autres plutôt ragga-dub dont la production coulante et stellaire ne dénoterait guère sur une mixtape du label Brainfeeder, une mythologie qui revisite le manga ou le comic comme la SF, le western ou le film de zombie (le Major Lazer en question, ancien commando jamaïcain, a le laser de Cobra à la place du bras droit et combat vampires et autres monstres campé sur la planche du Surfer d’Argent) et un goût certain pour le second degré (l’explicite Mary Jane et ses références à "Jimmy Spliff... euh, Jimmy Cliff"), force est de constater que Guns Don’t Kill People...Lazers Do, premier album paru chez Downtown Records en début de semaine (en association avec le label de Diplo, Mad Decent), ne joue pas dans la même cour que l’ami Sean Paul. Pour preuve, le clip cartoonesque et ironique à souhait (cf. le délire merchandising à la fin) de l’introductif Hold The Line avec Mr. Lexx et Santigold en invités vocaux :
On vous épargnera celui de Zumbie dans lequel l’acteur Andy Milonakis s’en donne à coeur-joie en zombie cabotin, car il faut bien l’avouer, quand Switch tire la couverture à lui c’est tout de suite beaucoup moins bon voire même carrément répulsif (en témoigne notamment l’affreusement ibizien Keep It Goin’ Louder et son abus d’Auto-Tune). Mais rien que pour des morceaux du calibre de Lazer Theme, Can’t Stop Now, Anything Goes ou Cash Flow à découvrir parmi d’autres courts extraits sur myspace, ça valait le coup de retourner sa veste l’espace d’une poignée d’écoutes.