Utopium - No Memory Man
Un mur du son mélodique... comme au bon vieux temps de la noisy pop (certains vilains nomment ça shoegazing)
1. Deuce
2. Sandstorm
3. (interlude)
4. Planeador
5. Icarus
6. Maintenant vous pouvez fermer les yeux
7. Tidal Waves
8. No Memory Man
9. (interlude)
10. Falling away
11. NHOH
Une terrible, monstrueuse, surpuissante bombe atomique. Voilà ce qui est tombé sur ma platine ce mois-ci. Ni plus ni moins qu’une de ces merveilles du monde que l’on n’attendait pas, un ouragan sonique qui m’a décollé et arraché les oreilles au passage, un souffle incandescent qui m’a définitivement brûlé les tympans.
Peu importe que ce groupe soit basé à Paris, peu importe qu’il soit composé de mexicains, de russes et de français, peu importe quelles sont leurs influences, plus rien n’importe à son écoute.
Lorsque j’ai posé ce disque dans ma platine, le premier instrumental, "Deuce" et sa montée progressive m’ont fait dire : "Ha, mais, voilà. On tient notre Mogwai national" devant les notes aigrelettes qui se superposaient. Et puis il est arrivé, le tapis de guitares. Organique, palpable, du pas entendu depuis "Nowhere" de Ride, du pas esperé depuis My Bloody Valentine, uniforme et intangible, épais comme un rideau de brouillard... Le risque était double.
Soit le disque serait un monolithe instrumental noyé dans une production pop-rock assez monotone, tout de même, soit le chant serait convenu. Mais non, non, le deuxième titre a confirmé tous les espoirs que l’on pouvait placer dans ce groupe. Ce ne serait ni une ressucée d’un Godspeed mogwaïsé jusqu’à l’explosion dans le ciel, ni le mélange doux-amer d’un chant suave à la Mark Gardener, évoquant quelque nostalgie Ride-Slowdivienne. Ce serait péchu, speed et rock’n’roll avec une gigantesque dose de mélodies. Quelque chose d’attendu comme le messie par votre serviteur depuis que Swervedriver a periclité puis disparu, depuis que Spitfire (le groupe anglais) avait revisité le thème de l’homme qui valait trois milliards façon son tournant et wah wah en avant en 1990. Quelque chose comme le "Raise" des précités Swervedriver, sale, beau et compact à la fois, rageur et original.
Ces jeunes gens ont compris que le shoegazing n’existe pas, qu’on peut asséner un mur du son à son public en regardant droit devant soi, à l’aise dans ses bottes. Leur envergure est internationale, comme la composition de leur groupe. Des titres comme "Sandstorm" ou "Tidal Waves", véritables tours de force soniques, s’intercalent avec de beaux instrumentaux et interludes monocordes et soniques. Les couinements qui ouvrent "Icarus" sont une introduction parfaite au son torturé d’Utopium. L’apogée vient à la fin, un "NHOH" terminal qui vous retourne les viscères comme pas permis, avant de s’éteindre, puis de revenir vous mettre le coup de boule final. La seule chose qu’on a envie d’écouter après Utopium, c’est Utopium.
Leur son est parfait, leur production impeccable, le disque est beau visuellement et à l’écoute, il n’y a rien à revoir, rien à changer. C’est parfait.
Le règne de la pédale d’effet est revenu. Tremblez, folkeux, le rock’n’roll sauvera le monde. Vous diparaîtrez dans un tourbillon d’echos et de flanger, vous vous noierez dans un océan de disto et de wah-wah...
http://utopium-club.com
http://www.myspace.com/utopiummusic
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