Abonné aux remixes depuis quelques années, James Yuill se jette dans le grand bain en sortant son premier album, le très coloré Turning Down Water For Air . Cet amateur affirmé de Nick Drake, d’Aphex Twin et de Radiohead adopte un style hybride de toutes ces pointures et donne naissance à un bel album de folktronica très personnel. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il semble y avoir pris du plaisir, notamment en brouillant les cartes en entame d’album.
Car si tout commence avec douceur et sur un terrain déjà largement exploité (You always do), ce fauteur de trouble se joue de son auditeur peu de temps après avec No Pins Allowed qui trouverait, lui, toute crédibilité à alimenter les dancefloors. Un épisode légèrement agité qui laisse place finalement au dévoilement sur le restant de l’album de ce qui semble être la véritable identité musicale du londonien, un artiste en permanence tiraillé par son goût pour la musique folk et les beats électroniques. Les compositions les plus intéressantes de cet album s’érigent en clins d’œil et viennent ainsi à tour de rôle se rapprocher de la rythmique de José Gonzalèz (This Sweet Love), de l’acoustique d’Elliott Smith (How could I lose), ou dévoiler des arrangements faisant écho au The Eraser de Thom Yorke. Une belle palette de couleurs, très appréciée de nos jours, qui n’est pas sans rappeler le travail effectué par The Notwist lors de cette décennie et qui frappe sur deux des plus beaux morceaux de cet album (The Ghost & Over the Hills).

James Yuill fait preuve d’un songwriting élégant et ne recherche jamais la complexité en juxtaposant un nombre toujours très raisonnable de pistes. Un résultat très aéré et qui alterne les dosages entre les deux facettes de l’anglais pour y trouver un fort bel équilibre.