Des trois albums de Tim Holland (aka Sole) à avoir marqué 2007 aux yeux des amateurs de hip-hop fiévreux et mutant, vous connaissez peut-être sa collaboration avec Skyrider sur laquelle le flow rageur et tourmenté du rappeur d’Anticon se perdait dans les limbes de l’instrumentation baroque et des productions vaporeuses et hypnotiques du groupe de Bud Berning. Si tel est le cas vous serez sans doute ravis d’apprendre que la suite de ce monument de lyrisme désespéré aussi dévastateur qu’inclassable, dont Sole nous avait annoncé la mise en chantier à l’occasion d’une interview en mai dernier, sera bientôt terminée et "musicalement très différente du premier LP".
Mais ce n’est pas tout. Un album de remixes de Sole And The Skyrider Band pointe également le bout de son nez, et présentera des relectures signées, accrochez -vous, Odd Nosdam, Fog, Telephone Jim Jesus, Dosh, SJ Esau, Son Lux, Astronautalis, Thavius Beck, Subtitle, Radical Face, The Apes, Sleeper, Bit Tuner & Bleubird ou encore DJ Egadz. Oui, rien que ça. En outre, il s’agira pour Sole d’une première sortie sur son propre label Black Canyon Records.
Mais nous parlions de trois albums estampillés 2007. Le second, Poly.Sci.187 signé Mansbestfriend, identité de substitution de Tim Holland pour ses projets les plus noisy ou expérimentaux, avait ravi les amateurs d’abstract anxieux, paranoïaque et angoissant avec ses instrumentaux cinématiques à ranger quelque part entre Odd Nosdam, John Carpenter, RZA et Boards Of Canada. Eh bien en parlant de RZA, c’est justement son cousin GZA que l’on retrouve parmi nombre d’autres figures illustres d’un hip-hop ricain exigeant et radical sur l’album/compilation The Secret History Of Underground Rap (voir le tracklisting), disponible depuis le 15 octobre sur le site officiel de Sole. Loin des remixes ouvertement phagocytes d’un Ratatat, le musicien livre ici dans l’esprit des albums de Mansbestfriend une relecture minimale par ailleurs tout aussi singulière et réussie de ses classiques personnels des années 90 (de Public Enemy à Notorious Big en passant par les Ultramagnetic Mc’s de l’ami Kool Keith, Nas, Aceyalone ou encore Ras Kass), passés au crible de claviers entétants, beats hypnotiques et autres drones ou cascades d’échos obsédants. Pour se faire une idée du résultat, direction myspace avec un petit medley d’extraits en écoute.
Ce sont justement deux autres extraits, Tar On Tar et Plenty Of Room For Doubt, qui nous amènent au cas un peu particulier du troisième et dernier album de la liste, Desert Eagle Vol. 1 (voir le tracklisting). Enregistré avec l’aide de son épouse Yasamin aux claviers et aux backing vocals, ce premier opus d’une nouvelle série d’enregistrements à caractère expérimental était déjà distribué en catimini aux concerts de Tim Holland l’an dernier, avant d’être remastérisé et mis à disposition sur son site agrémenté d’un morceau supplémentaire. L’occasion idéale pour nous de signaler qu’une autre rareté de Sole vient tout juste d’être rééditée il y a quelques jours, la compilation d’inédits Songs That Went Tin, regroupant 20 morceaux (contre 17 dans sa première version parue en 2005) enregistrés entre 2000 et 2005 parallèlement aux albums Bottle Of Humans, Selling Live Water et Live From Rome, avec des producteurs du calibre de Jel, Odd Nosdam, Alias, Why ?, Telephone Jim Jesus et Passage. Un brin de déchet dans tout ça, forcément, mais l’ensemble n’en demeure pas moins de très bonne tenue.
Enfin, pour en terminer avec myspace, vous trouverez également deux morceaux inédits en écoute sur la page de Sole : Caterpillars In The Holy Land, minimaliste et poignant, et surtout le superbe et plus luxuriant All Tommorrow’s Sewers, enregistré avec l’instrumentiste virtuose de Skyrider, William Ryan Fritch, pour la compilation Habitat qui sort demain sur le label Asthmatic Kitty Records et compile des morceaux exclusifs de 29 artistes touchant de près ou de loin à la musique électronique (parmi lesquels deux autres représentants du label Anticon, Alias et Son Lux) sur le thème de l’espace architectural, au profit de l’organisation Habitat For Humanity qui oeuvre depuis plus de 30 ans pour le droit au logement des plus démunis. Pour plus d’informations, c’est sur le site du label que ça se passe.