Cinq ans qu’on attendait des nouvelles de Bang Gang, le projet plus ou moins ouvert de l’islandais Barði Jóhannsson qui accompagnait Keren Ann sur le touchant concept album Lady & Bird en 2003.
La même année sortait donc le deuxième album de ce vrai-faux groupe, qui allait donner un nouveau souffle à la pop avec une reprise folky et tubesque du Stop In The Name Of Love des Supremes, au trip-hop avec la participation de Nicolette Suwoton (célèbre pour ses interprétations de Three et Sly sur l’album Protection de Massive Attack) au chant sur le superbe Contradictions, et même au rock atmosphérique avec des morceaux du calibre de Find What You Get, en écoute sur myspace. La chant éthéré d’Esther Talia Casey faisait également merveille sur d’autres compos plus aériennes et tout aussi mélancoliques (cf. notamment le merveilleux Inside...) de ce Something Wrong aux basses gainsbouriennes et aux arrangements aussi subtils que vibrants, qu’on hésita pas à hisser à l’époque à la hauteur des albums de ses illustres compatriotes Sigur Rós.
Cinq ans plus tard, exit Esther Talia Casey, pourtant compagne de route de Bardi depuis les débuts de Bang Gang avec l’album You en 1998 - lequel mêlait avec plus ou moins de bonheur trip-hop, électro-pop et drum’n’bass - mais retournée paraît-il à ses études d’art dramatique, et c’est Keren Ann, déjà présente aux backing vocals sur Something Wrong, qui prend la relève au côté d’un autre invité de marque, le leader de M83, Anthony Gonzalez. Intitulé Ghosts From The Past, ce nouvel opus paraîtra le 23 juin si tout va bien et sera distribué chez nous par Discograph.
A première vue donc, aucune raison d’avoir peur... si ce n’est que l’extrait du futur single I Know dispo sur myspace conforte quelque peu gauchement les propos du songwriter et musicien islandais - qui pour la première fois s’est pratiquement attribué le monopole du chant - selon lequel cette troisième réalisation sera la plus "heavy" qu’il ait menée à bien jusque ici. A vrai dire, même la complainte quasi éponyme Ghost From The Past, trop classique, peine à retrouver la grâce des chansons de l’album précédent.
Il ne nous reste donc plus qu’à croiser les doigts et à espérer que le talent de notre oiseau ne se soit pas envolé avec ces cinq années de profil bas... qui l’auront tout de même vu composer en 2006 une bande originale pour la fresque horrifique suédoise Häxan, film de 1922 qui décidément suscite beaucoup d’intérêt ces derniers temps puisque Nick Talbot s’était également essayé à l’exercice avec son passionnant projet Bronnt Industries Kapital. Il paraîtrait d’ailleurs que les deux versions rivalisent de beauté vénéneuse et de mélancolie hantée...