Kubrick à brac
Il en va des groupes punk comme des fromages : les meilleurs vieillissent en cave. Voilà pour l’introduction qui ne veut rien dire mais qui peut faire sourire l’amateur de formules à pâte molle. Nous pouvons maintenant entrer dans le vif du sujet : Stanley Kubi est un groupe normando-parisien plus underground que la station Oberkampf, plus indépendant que les îles Féroé et considérablement plus excitant que la perspective d’une soirée avec Christine Lagarde.
Ce sextet parisiano-rouennais ne se contente pas d’associer le culte de Stanley Kubrick à celui de l’éthylisme. Ça, c’est la formule de départ, telle que posée depuis le 45 T The Winter Can Be Fantastically Cruel qui charcute Shining au son des hurlements de Macario. Ah ! Macario, "hurleur pour dames" selon la propagande officielle kubiste, organe majestueux dont le timbre n’est pas sans parfois rappeller Jello Biafra soi-même. Cette voix démente est l’un des atouts majeurs qui garantissent la puissance de l’assaut kubistique. Mais de puissance il n’est pas seulement question, et c’est ici que les choses deviennent vraiment intéressantes.
Car Stanley Kubi tient autant de la fanfare balkanique que du combo hardcore. Toutes les chroniques consacrées au groupe soulignent leur usage d’instruments pas particulièrement destroy : mandoline, trompette et autre épinette des Vosges. Le son qui en résulte, peaufiné au fil d’un EP ( Dying For A Drinkie ou Lolita en grand besoin de désintox) et d’un album paru l’an dernier ( Music By... , variations alcoolisées sur les fourberies de Barry Lyndon), c’est celui qu’auraient pu avoir les Pogues s’ils avaient été originaires de Mostar ou de Sofia. Ou de Rouen, apparemment.
Mêlant l’énergie punk à un sens de la mélodie qui nous cueille par surprise (comme sur l’irrésistible He Loves As Bird Sings sur Music By... ), la musique de Stanley Kubi joue à saute-accords dans un joyeux boxon qui, tel un Ferrero Rocher, ravit les sens et file directement aux hanches. Résumé en trois mots, c’est Taraf Bungle Kennedys.
Côté scène, les Kubi tournent plus que des derviches bourrés. Vous trouverez les dates sur leur site, sur lequel on peut également écouter l’album dans son intégralité.
Site : www.stanleykubi.org
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