L’ouverture tiendra son rôle puisqu’elle donne un aperçu de l’ampleur et de la richesse de ce disque folk-rock. Sobre et subtil, le trio guitare-piano-cordes accompagne la voix posée de Babet. Avec une telle guide, il est évident que je saurai être un voyageur, le temps, au moins, de cette escapade musicalo-spatio-temporelle. Ainsi, on a droit à un petit détour du côté des Breeders, avec d’abord Les Amoureux dont le violon rappelle sans conteste Drivin’ On ( Last Splash ). Toujours acoustique, un ton léger, des oiseaux qui gazouillent, on sent un air printanier s’installer. L’autre détour a lieu un peu plus loin, et le chemin parcouru se perçoit aisément. L’ambiance d’In My Shoes, aux basses lourdes et à la musique épurée, se fait dès lors plus pesante avec ce fond de piano inquiétant. Nous sommes au coeur de Title TK  ! Ces deux titres illustrent la dualité entre légèreté apparente et profondeur avérée de la musique de Babet.

Mais revenons un peu en arrière sur le chemin des bonnes surprises qui nous mène dans les bras d’un marin comme en rêve toute jeune fille. Je retrouve ensuite C’est Quand Déjà ? qui, sur Myspace, laissait présager le meilleur pour cet album. Il est d’ailleurs très représentatif du disque dans son entier. Les paroles sont justes et accompagnées d’une jolie et fine mélodie. Arrivés au tiers du parcours, on est ainsi plus motivés que jamais pour découvrir les merveilles que nous réserve ce voyage. On reprend donc sur un rythme nonchalant, à dos d’éléphant, pour profiter du paysage et surtout de l’imagination de Babet. Cela contraste d’autant plus avec la mélancolie, et même la tristesse, qui se dégage de Dis-Moi. Il est impossible de ne pas se souvenir de ce jour-là... Malgré tout, on la passerait bien en boucle, cette chanson, tant elle fait vibrer... mais non... prenons le train rock de Cocomoto et retrouvons-nous finalement devant une jolie déclaration d’amour à l’aide d’une douce guitare acoustique. Il semblerait que Babet n’ait pas l’intention de nous faire suivre un sentier plat et droit et on ne lui en voudra pas. Et puis, on est si bien avec elle... Son chant, parfois décrié, est également au rendez-vous, avec une expressivité envoûtante. Elle a fait un album personnel, sur son voyage à elle et si on ne l’avait pas encore remarqué, Mon Oncle, chanson cruellement vraie, ne laisse guère de doutes.

Et sans avoir vu le temps passer, on se retrouve à la fin du disque après avoir suivi la musique brillante, inventive et surtout vivante de Babet, dont le final est une compilation d’émotions aux faux airs hispaniques, avant de partir littéralement droit au coeur. Je Pars est l’une des plus belles chansons que j’ai entendues cette année. Une chanson douce, tellement pure... Ce bout de chemin s’achève donc, au goût de rétrospectives enivrantes. Un univers rempli de rêves dont j’espère retrouver une partie lors de mon propre voyage.