Alan Sparhawk - White Roses, My God
1. Get Still
2. I Made This Beat
3. Not the 1
4. Can U Hear
5. Heaven
6. Brother
7. Black Water
8. Feel Something
9. Station
10. Somebody Else’s Room
11. Project 4 Ever
Sortie le : 27 septembre 2024
C’est la question du jour : est-il forcément malvenu de tirer sur l’ambulance des endeuillés ? Ou pour le formuler différemment, l’album de deuil est-il un passe-droit pour toutes les dérives racoleuses ? Si l’on a choisi de répondre non et d’en mettre une bonne couche à l’inécoutable White Roses, My God d’Alan Sparhawk autotuné jusqu’à la nausée sur fond de beats électro dystopico-discoïdes aussi moches que tape-à-l’oeil, c’est essentiellement pour deux raisons, qui nous ramènent quelque part au pénible Ghosteen de Nick Cave il y a quelques années.
La première, évidemment, tient au fait que Low fut un groupe de chevet, du moins avant le regain d’intérêt critique pour leurs deux derniers albums aux pseudo-expérimentations poussives - qui aime bien châtie bien donc, comme le dit l’expression consacrée. La seconde, c’est qu’à notre époque où le racolage le moins subtil est synonyme de succès et même de soutien de la part d’une presse musicale aux fraises, insupportable de populisme même dans ses franges supposément "indé", ce premier solo en 18 ans de Sparhawk, touché il y deux ans par le décès prématuré de sa compagne et comparse Mimi Parker, reçoit déjà les éloges habituels, vantant aveuglément la "réinvention" d’un artiste "audacieux".
On va donc le dire clairement : ici c’est niet, pas d’encouragement chez nous pour ce genre d’appels du pied en roue libre aux bas instincts hédonistes d’une néo-blogosphère élevée au nu-disco (beurk), aux effets cheap de l’hyperpop (re-beurk) et aux sonorités du rap-club-variète mainstream des années 2010 (bouaaaaark), cf. respectivement I Made This Beat, Heaven et Can U Hear/Feel Something. Si vous pensez vraiment que ce disque d’électro-pop surcompressée et ringarde avant l’âge, produit par une AI programmée aux pires travers d’Ableton et chanté par un chipmunk sous hélium, est expérimental ou pire "moderne" (sic), on ne peut que vous conseiller de prêter davantage d’attention aux propositions régulièrement faites en ces pages.
NON, quelques distos et autres effets patauds ne font pas un album "expérimental", pas plus que des beats urgents d’inspiration IDM ici et là (Brother, Black Water) ou un pseudo-minimalisme sonnant avec 30 ans de retard comme un Massive Attack du pauvre vidé de sa dimension vaporeuse et de sa mélancolie (Station, ou surtout Somebody Else’s Room dont la signature rythmique singe ouvertement les Bristoliens), et même sans la constante tendance au pitch grossier d’une voix qui fait pourtant partie des atouts de l’Américain, l’album ne vaudrait pas tripette (allez, sauvons le Project 4 Ever final et sa demi-étincelle d’émotion noyée dans des choeurs de Tic & Tac featuring Donald Duck). Lourd c’est lourd, il n’y a plus d’amour, merci à l’avenir de pleurer vos proches dans l’intimité et de nous épargner ce genre de vomissements cathartiques.
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