Venu d’un heavy rock tribal volontiers noisy et drogué aux accents krautrock ou post-industriels, les Britanniques de Gnod ont toujours su cultiver de beaux chemins de traverse, de l’acoustique psyché du délicat The Somnambulist’s Tale au dronesque Gestalt. Deux ans après un Hexen Valley aux déflagrations particulièrement incandescentes, Spot Land démontre une fois de plus le goût de l’aventure de ce véritable collectif à géométrie variable aux plus de 15 années d’existence.

Autour de l’hypnotique et syncopé Dream On toute batterie en avant, probablement ce qui se rapproche le plus sur ce disque des sonorités caractéristiques du Gnod "canal historique", ici quelque part entre no wave instrumentale et krautrock pour faire court, s’organisent ainsi des morceaux plus expérimentaux et/ou atypiques, à commencer par le bien-nommé Peace At Home d’ouverture, sorte de slowcore aux choeurs liturgiques que les premières écoutes pourront juger un peu pépère jusqu’à ce qu’il finisse par trouver sa place au sein du puzzle. Du très ambient et méditatif Luz Natural où dialoguent piano et guitare sur fond d’incantations et de drones discrets au psychédélisme susurré du passionnant Pilgrim’s Progress plein de guitares wah-wah et de riffs narcotiques très 70s, on retrouve en effet ces étranges mélopées presque religieuses dans des configurations musicales pour le moins diverses, participant d’une cohérence d’abord insoupçonnée.

Mais le joyau du disque est aussi son titre le plus déstabilisant pour les fans de la première heure : cet intrigant Kapal Bhati centré sur des motifs de percus psyché (du kalimba essentiellement) influencés par la musique indienne, doux et inquiétant à la fois, sans véritable crescendo mais en constante évolution, symbole de cette recherche de spiritualité qui semble faire feu de tout bois sur ce Spot Land nomade en quête de transcendance aux quatre coins du spectre sonore.