Igor Amokian & Black Saturn - Project 74 EP
1. Beat Signal
2. Before I Was Black Saturn
3. Fresh Drop
4. Celebration Of The Dead
5. SoundScrapers
6. True Speak
7. Project 1.9.7.4
Sortie le : 8 avril 2024
Parfois, on chronique une sortie moins par pure appréciation que pour l’intérêt de sa proposition artistique singulière. C’est un peu le cas de cet EP qui voit le rappeur de Washington Black Saturn (souvent associé, au spoken work, à notre Grosso Gadgetto national sur ses EPs noise/hip-hop évoquant l’univers de Dälek ou Techno Animal, cf. ici en #8) croiser le fer avec le Californien Igor Amokian, co-auteur l’an dernier notamment du très bon A.T.O.M avec Innocent But Guilty.
Les deux Américains n’ont sont pas à leur coups d’essai sur EP, cf. en 2022 un Simon’s New Boombox particulièrement minimaliste et lo-fi qui n’avait néanmoins pas suscité chez nous le même degré de curiosité, puis l’an passé un très chouette Signal Noise Cypher certes inégal mais posant véritablement les bases expérimentales et dystopiques du Project 74 qui nous occupe ici.
Plus conséquent avec 7 titres pour environ 17 minutes, ce nouveau court-format a en effet pour particularité de mêler les expérimentations de circuit bending chères au musicien basé à Los Angeles, sur lesquelles Black Saturn, qui participe également à la production, vient poser son flow profond, mi déclamé mi rappé, avec la zénitude qu’on lui connaît (du très ambient et déstructuré Beat Signal à l’industriel Project 1.9.7.4 en passant par un Before I Was Black Saturn hachuré et volontairement sous-produit ou le noisy et radical Celebration Of The Dead), et des morceaux plus "classiquement" hip-hop.
Entre Fresh Drop et ses boucles jazzy à l’ancienne confrontées à des sonorités indus et le boom bap menaçant de SoundScrapers, l’auditeur aura ainsi quelques morceaux plus accessibles auxquels se raccrocher, de quoi mieux apprécier les digressions plus expérimentales du duo, qui ne culminent pas encore tout à fait à mi-chemin de ces deux orientations, cf. True Speak et ses boucles minimalistes et hypnotiques mais trop répétitives pour vraiment emballer, un pas néanmoins vers l’abstraction futuriste de feu Def Jux ou des Antipop Consortium de la grande époque dont on a bon espoir de voir la paire se rapprocher sur une prochaine réalisation.
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