Kali Malone - All Life Long

1. Passage Through the Spheres
2. All Life Long (for organ)
3. No Sun to Burn (for brass)
4. Prisoned on Watery Shore
5. Retrograde Canon
6. Slow of Faith
7. Fastened Maze
8. No Sun To Burn (for Organ)
9. All Life Long (for voice)
10. Moving Forward
11. Formation Flight
12. The Unification of Inner & Outer Life

2024 - Ideologic Organ

Sortie le : 9 février 2024

C’est en lisant n’importe qui qu’on écoute n’importe quoi

Après l’ambient pour ceux qui n’en écoutent jamais (de Grouper à OPN), voici donc venu le modern classical pour ceux qui n’en écoutent pas davantage et dont on se demande bien pourquoi ils commenceraient par un tel disque, si ce n’était pour cet engouement disproportionné des sempiternels mêmes blogs ricains aux curiosités aléatoires qui bien qu’en difficulté commerciale pour certains n’ont décidément pas fini de faire la pluie et le beau temps de la hype par suivisme interposé. Cette fois c’est aux exagérément cultes et très inégaux Sunn O))), soutien indéfectible de l’organiste suédoise qui les accompagne en tournée, que l’on doit de voire des métalleux et autres noiseux en général pas très prompts à sortir de leur niche de prédilection, prendre la peine d’écouter un album de classique "contemporain" aussi austère que daté, tout en orgues ou cuivres minimalistes et autres choeurs en canon d’oratorio italien du XVIIe qui jamais ne décollent, et dont la captation (relativement) moderne tranche avec l’inspiration vieillotte.

Désespérément scolaire dans son approche "pastorale", il faut dire quAll Life Long s’inscrit dans la continuité d’une discographie qui creuse le même sillon depuis le déjà bien pénible The Sacrificial Code, de moins en moins digne d’écoute à chaque nouvel opus passés des débuts plus lo-fi et caverneux qui en demeurent sans difficulté la facette la plus intéressante (cf. Velocity of Sleep, de loin la meilleure sortie solo de la dame). Du haut de ses interminables 80 minutes (la palme à Fastened Maze pour n’en citer qu’un), l’album n’a en effet ni le lyrisme de la musique répétitive américaine des années 60, ni la finesse discrètement enluminée des grands labels et musiciens classical ambient d’aujourd’hui (inutile de faire du name-dropping, vous qui nous lisez en voyez suffisamment passer dans nos colonnes... ou alors pour changer citons exclusivement des femmes, compositrices et/ou adeptes d’instruments divers : de Sarah Kirkland Snider à Christine Ott, de Lucy Railton à Joana Guera, de Mary Lattimore à Resina, de Shida Shahabi à Watine). Les compositions sont d’une platitude mélodique et harmonique qui confine à la paresse, franchement pas magnétiques ni mélancoliques pour un sou, n’ont ni la vivacité viscérale d’un Colin Stetson ni l’étrangeté baroque certes pas folichonne des Hermetic Organ de John Zorn (pour rester sur une forme minimalisme dominée par les sonorités d’un unique instrument), encore moins les textures organiques du genre d’enregistrements démocratisés par Nils Frahm qui confrontent les sonorités d’un instrument classique aux bruits de l’instrument lui-même ou de son environnement (ceci étant dit le Berlinois n’est pas le dernier des arbres à cacher la forêt, et bien qu’on le préfère au piano son petit dernier Day est un cru plus que dispensable).

Le type d’enregistrement en somme que l’on a plutôt pour habitude de retrouver dans les publications de musique classique un peu guindées que dans les magazines de musiques actuelles et dont on n’aurait même pas pris la peine de vous parler s’il n’était parti en ce début d’année pour éclipser nombre de sorties infinement plus intéressantes d’une scène toujours tragiquement sous-médiatisée. Comme à l’accoutumée, les gros médias musicaux prompts à sauter à pieds joints sur la moindre arnaque arrivent après la bataille et au pire moment, mais qui s’en étonnera encore ?


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 10.02.2024 par RabbitInYourHeadlights