En bon vétéran des musiques extrêmes, Justin K. Broadrick a évidemment connu la grande époque, au début des 90s, de ces raves hardcore qui télescopaient techno et musique industrielle. À qui en douterait, l’orientation récente du projet JK Flesh vient le rappeler régulièrement et parfois un peu lourdement - cf. l’assez pénible New Religions Old Rules que j’avais osé glisser là l’an dernier, mais après tout qui aime bien châtie bien.

Il paraît loin déjà le temps de Posthuman (2012) et de son dub-indus monolithique aux radiations de lumière noire, et si son successeur Rise Above faisait un premier pas vers la techno sursaturée aux textures en déréliction, on restait dans un univers aux atmosphères plus évolutives, et beaucoup moins binaire aussi, que je continue de regretter. Pour autant, depuis le sus-nommé New Religions Old Rules, deux opus du side projet Exit Electronics sont passés par là, renouant avec une dynamique plus downtempo et surtout une approche plus lofi et malsaine des agrégats soniques, les beats semblant se désagréger sous leur poids.

Et c’est donc là qu’apparaît No Exits, au nihilisme à la hauteur de son titre : de la techno-indus de rave donc, avec tout ce que ça peut avoir d’itératif, mais beaucoup plus dark et aux rythmiques cette fois subtilement mutantes, davantage dans la tension à combustion lente que dans la véhémence, avec un retour discret du dub, et toujours ces nappes noise-ambient érodées qui semblent jouées par des enceintes vieilles de 200 ans. Exit l’excès de nostalgie, plus besoin d’aimer les festivités droguées d’un autre temps pour apprécier, et les amateurs des débuts du projet devraient autant s’y retrouver que les aficionados de l’éphémère association harsh noise de Broadrick avec Aaron Turner (Isis, Old Man Gloom) sous le nom Greymachine.