Armé de sa guitare en bois, du vibrato désarmant qu’on lui connaît depuis le magnifique En Garde d’il y a 7 ans déjà et de textures ambient-folk élégiaques qui font du Britannique bien plus qu’un ersatz méconnu de Damien Rice, d’Iron & Wine ou du Sufjan Stevens des débuts, Terry Magson fournit les chansons pour pleurer mais pas la corde pour se pendre sur ce troisième opus toujours en quête de rivages plus sereins.

Retrouvant un peu du relief et de la profondeur qui manquaient à son Theatrics de 2014 sans pour autant renouer totalement avec le lyrisme évident d’un premier opus finalement assez trompeur, Puzzle Muteson s’affirme pleinement ici dans les subtilités de ses enluminures et de sa production. Des qualités atmosphériques qui transcendent à coups de synthés vacillants (ceux du grand Valgeir Sigurðsson, producteur et patron de l’écurie Bedroom Community, sur Tilt), de piano volatile (celui du compagnon de label et arrangeur Nico Muhly sur Swum) ou de chœurs baroques (Silver Swan) les mantras de bonheur perdu du musicien, dont les tendances ouvertement dépressives des accords boisés, cordes douloureuses (Beautiful Nothing, où le violoncelle de Julia Kent a la part belle) et bien évidemment d’un chant aux trémolos poignants n’oublient pas de ménager quelques enclaves d’espoir diffus, en particulier sur le final Close aux élans plus marqués, en duo avec la magicienne belge Chantal Acda.

En laissant libre cours à sa mélancolie voire à une tristesse insondable (le très beau Glass Hands aux cuivres discrets), le songwriter originaire de l’Île de Wight au Sud de l’Angleterre nage assurément à contre-courant des folkeux barbus de la hype en ces temps d’hédonisme et d’extase à tout va, qu’il s’agisse des morceaux les plus immédiats comme Your Garden aux plus évanescents et intangibles à l’image du bien-nommé In the Fade. Autant dire que ça fait du bien :