Le streaming du jour #1968 : Miss Red - ’K.O.’
Le ragga des enfers cher à Kevin Martin est de retour mais cette fois le grand manitou de The Bug et King Midas Sound se fait discret derrière l’une de ses protégées, Miss Red aka Sharon Stern, vocaliste d’origine israélienne entendue notamment sur Angels & Devils dont il produit en intégralité ce premier véritable LP aux traits féministes marqués.
Déjà aux manettes il y a trois ans de la mixtape Murder (en libre téléchargement) mastérisée par le génial Stefan Betke aka Pole et sur laquelle intervenaient également à la production Andy Stott ou encore l’excellent Mark Pritchard (plus connu des amateurs d’électronica sous le pseudo Harmonic 313), l’ex Techno Animal ravive en effet sur K.O. sont goût pour les sonorités dancehall ténébreuses aux basses massives et aux beats percutants, à la mesure des incantations tribales de la Londonienne qui évoque une MIA belliqueuse sur Shock Out, Money Machine ou un superbe Come Again témoignant de sa gamme vocale assez exceptionnelle, du chuchotement anxiogène aux sinuosités d’un ragga mélodique, alternant féminité acidulée et rugosité plus masculine.
K.O. n’est de fait pas exempt de subtilités, ne serait-ce que vocalement avec les harmonies en écho du bien-nommé Clouds et flirte à l’image de King Midas Sound avec le côté obscur du "son de Bristol", comme avec le vénéneux War, le syncopé One Shot Killer aux susurrements éthérés faussement innocents et vraiment viciés, ou surtout l’irradié Memorial Day pas loin de l’atmosphère du séminal Mezzanine de Massive Attack. Ailleurs, les textures fuligineuses de Dust convoquent un dark ambient que Martin explorait l’an passé sur le très bon Concrete Desert en collaboration avec Earth (numéro 106 ici), tandis que Dagga lorgne sur une techno-indus dont le chant de Miss Red adopte la vélocité mais paradoxalement avec une certaine douceur :
Même les allergiques au reggae, influence première de la dame (cf. l’étouffé Alarm notamment), et à ses dérivés hardcore devraient ainsi trouver leur compte sur ce disque à la moiteur estivale de rigueur, qui dans l’esprit comme dans le son évoque davantage un Tricky vénère (Slay) que la décontraction enfumée des soundsystems jamaïcain.
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