Faro en avant-première
Atypeek Music sort ces jours-ci le Roma ’Vol. 2’ de Faro venant compléter le ’Vol. 1’. Au programme : une musique abstraite mais jamais retorse, très énigmatique et mystérieusement prenante.
2017 s’achève mais on va tout de même lancer un coup d’œil vers l’avant plutôt que vers l’arrière et parler un peu de Faro, énigmatique projet solitaire du non moins énigmatique Robert Iwanik. Manipulant une basse, des percussions et poussant la voix de temps en temps, la musique de ce dernier se montre extrêmement sèche et abstraite, très minérale aussi. Et surtout bigarrée. Capable de passer en un clin d’œil d’une pièce ambient très minimale (Fatimah) à un morceau porté par un harmonica esseulé (The Frontier) pour ensuite explorer des rivages plus expérimentaux (Point Defiance), Roma ’Vol.2’ saute en permanence du coq à l’âne sans jamais apparaître comme un patchwork informe ou incohérent. Si on ne sait jamais trop quelle valeur donner à cet ensemble très cérébral - Performance ? Concept ? Musique ? Bruit ? Sans doute un peu tout cela en même temps - force est de constater qu’au bout d’un moment, sans s’en rendre compte, on devient captif de ce que l’on entend. Un peu comme si on se baladait dans la psyché de Robert Iwanik et que, bien planqué derrière ses yeux, on voyait et ressentait ce que lui-même voit et ressent.
À l’instar du ’Vol 1’, Roma ’Vol.2’ est donc bien plus un carnet de vie qu’un carnet de voyage. Bande-son réaliste (mais sans doute fantasmée aussi un peu) du parcours de Robert Iwanik, l’album voit les morceaux se succéder à la manière d’un monologue intérieur, une idée chassant l’autre abruptement et sans transition. Au début, ça désarçonne mais très vite, on accepte les ruptures et l’échantillonnage. Qu’il s’agisse de ses débuts en Pologne avec le punk hardcore de Krzycz en passant par son arrivée à Chicago en 2000 où il participe à la fondation des avant-gardistes Rope jusqu’au jazz-ambient d’Alchimia, c’est finalement un peu tout cela que l’on retrouve dans Roma. L’intransigeance des premiers, le goût pour l’exploration des seconds et les ambiances feutrées des derniers contenus dans cette collection de vignettes énigmatiques mais infiniment personnelles. En outre, Iwanik étoffe sa musique en invitant quelques amis à participer à ses constructions abstraites : Doug Scharin (Codeine, June Of 44, Enablers, ...), Darin Gray (Dazzling Killmen, Jim O’Rourke, On Fillmore, ...), Eugene S. Robinson (Oxbow), Grażyna Auguścik, Dawud Mateen (Alchimia) ou encore Przemysław Drążek (Krzycz, Rope, Mako Sica).
Tous s’insèrent harmonieusement dans l’équation et participent à rendre l’ensemble encore plus vivant. Mais trêve de mots, le mieux est encore d’écouter...
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