Angus & Julia Stone - Snow
Sans réellement savoir pourquoi, nous sommes parfois pris d’une soudaine envie d’aimer un disque avant même de l’avoir écouté. Parce que cela rend l’histoire belle. Mais cela ne fonctionne pas toujours, le Utopia de Björk en constituant un exemple récent d’autant plus frustrant que les fans de l’Islandaise semblent tenir ce disque monotone en haute estime. Preuve que, malgré le désir d’aimer, la qualité de l’album finit toujours par avoir raison de nos émotions.
1. Snow
2. Oakwood
3. Chateau
4. Cellar Door
5. Sleep Alone
6. Make It Out Alive
7. Who Do You Think You Are
8. Nothing Else
9. My House Your House
10. Bloodhound
11. Baudelaire
12. Sylvester Stallone
Alors certes, ce Snow a déjà eu le temps d’user la platine. Peut-être plus que de raison. Et cet attrait soudain pour le duo est d’autant plus inexplicable qu’il ne nous avait jamais pleinement transcendé auparavant. Quelques belles fulgurances sur chacun de ses disques étaient à observer, c’est évident, mais le caractère trop gentillet constituait un handicap récurrent.
Quid de Snow ? Il serait erroné de parler d’un quelconque disque de la maturité, Angus & Julia Stone n’en ayant jamais vraiment manqué. Certains leur reprocheraient d’ailleurs plutôt le relatif confort dans lequel ils se sont rapidement installés. A défaut de la maturité, ce sont plutôt la sérénité et la maîtrise qui dominent ce disque.
Il faut dire que les Australiens reviennent de loin, se brouillant quelques mois après le succès de Big Jet Plane en 2010, boulet doré qu’ils traînent encore aujourd’hui. Pendant quelques années, ils entreprendront chacun une carrière en solo avant de revenir à la raison sous l’égide du producteur Rick Rubin qui les conviera à Los Angeles pour enregistrer un album homonyme en 2014.
Ce qui pouvait s’apparenter à une réconciliation de raison s’est aujourd’hui transformé en retrouvailles de cœur. Angus et Julia Stone prennent plaisir à être ensemble, comme lors des premières années de leur carrière. Ils se sont isolés dans le cottage d’une ferme située à Byron Bay, près de Brisbane, pour enregistrer Snow entre sessions d’enregistrement studieuses et improvisations libertaires avec les copains.
"Prendre du recul et revenir à quelque chose de plus simple". La formule est limpide, et le duo se l’approprie sans que l’on ne sache précisément lequel des musiciens l’a formulée. Comme la preuve d’une confusion de leurs personnalités pour la bonne cause : "sur Snow, on a vraiment tout fait ensemble. Juste tous les deux en studio" ajoutent-ils.
Cependant, tout n’est pas si simple. Il reste de nécessaires résidus des épreuves traversées et, à l’image du single Cellar Door, la mélodie évidente est tamisée par le voile opaque d’un orgue, probable témoin de la fragilité de l’équilibre que les Australiens perçoivent sans doute mieux que jamais.
La peur de l’abandon constitue d’ailleurs l’une des thématiques récurrentes de ce disque, à coups de "stay for the nighy, then you’re gone, don’t make me sleep alone" sur la ballade minérale Sleep Alone ou de "left here to be the only ones to live as lovers, trying to move slow but we’re so liquored up" sur l’imparable Oakwood, digne héritier de Big Jet Plane tant il voit le frère cadet et la sœur aînée se partager le micro sans chercher à faire de l’ombre à l’autre.
Là où Julia Stone avait fini par prendre le dessus sur le disque précédent, sans que l’on ne comprenne nécessairement les mécanismes qui l’ont justifié dans l’intimité du duo, cet équilibre est le bienvenu. La brouille a laissé des traces et, comme tout traumatisme, elle nécessite une dose de résilience pour être surmontée, "yeah we’re learning how to breathe again dear" sur un Bloodhound calme et doux, happant l’auditeur avec ses claviers luminescents.
Sur ces douze titres, les Australiens parviennent toujours, sans utiliser l’artillerie lourde ou user de ficelles trop épaisses, à convoquer un océan de délicatesse qui, solidification oblige, se transforme en glace néanmoins lumineuse et envoûtante. Et si l’on avait envie d’apprécier Snow sans même connaître les conditions de sa genèse, c’est bien l’alchimie qui se dégage de l’amour retrouvé d’un frère et d’une sœur qui aura permis de s’approprier ce disque bucolique et précieux.
Que dire de plus sur cette année 2017 lorsque l’on a déjà pris la plume plus que de raison pour la commenter ? La question rhétorique appelle sans doute une réponse absurde et tirée par les cheveux. Et si pour conclure 2017, il s’agissait de rassembler - en trois parties de 17 - les conclusions des chroniques des disques qui ont compté (...)
Si vous étiez passé comme nous à côté de la sortie australienne en septembre dernier du premier album d’Angus And Julia Stone (on peut pas non plus être partout, encore moins quand c’est à 17 000 kilomètres, pays des Go-Betweens ou pas...), c’est le moment où jamais de vous rattraper. D’abord parce que l’album en question, intitulé A Book Like This, (...)
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Spice Programmers - Paradise 9
- Richard Skelton - the preliminaries
- Richard Skelton - the old thrawing crux
- Oliver Barrett - Splinters
- Jak Tripper - The Wild Dark
- your best friend jippy - Unidentified Friendly Object
- Fennesz - Mosaic
- TVAŃ - Каюсь ?!...
- Mantris - I'm So Many People
- NLC & Wolf City - Turning shadow into transient beauty
- Grosso Gadgetto : "Tous les artistes underground méritent plus d’exposition"
- 2024 à la loupe : 24 albums pop/rock/folk (+ bonus)
- Theis Thaws - Fifteen Days EP
- Azimutez votre réveillon avec cette sélection musicale de Noël !
- Richard Skelton - the old thrawing crux