Cet album reprend les hostilités à l’endroit où "Barbed Wire Kisses" nous avait laissés en 1987. Il s’agit donc d’une deuxième compilation de faces b, inédits, reprises et versions divers et variés enregistrés entre 1987 et 1993, sur une période couvrant les albums "Automatic" et "Honey’s Dead". Mais attention, lorsqu’on touche la face cachée des Jesus & Mary Chain, on ne fait pas dans la récupération, dans le menu fretin, oh non, loin de là.

Une compilation d’inédits des J&MC c’est un peu comme le meilleur album de noise chez n’importe qui d’autre. Rien à jeter, pas de scories, que de la pulpe, du sang et de la sueur, du bruit et de la fureur...

On a tout de suite compris en mettant le disque dans la platine à l’écoute du monstrueux, de l’énorme, du gigantesque, de l’incroyable "Snakedriver"... comment un titre de cette ampleur a pu se retrouver sur une face B est une hérésie : il s’agit d’un des plus énormes titres noisy enregistrés par le groupe : le son est rageur, la rythmique basse/batterie d’une concision rarement égalée chez eux, les guitares bruyantissimes...

ouf, on dit, le morceau fini, je ne pourrai pas entendre mieux. J’ai entendu les J&MC dans toute leur splendeur. Ensuite débarque la version Radio de "Reverence", aux sons d’acier froid et tranchant, aux chuintements énormes, plus longue, plus belle, plus tout que l’original. Et le disque ne nous lâchera plus.

Qu’il s’agisse de reprises de classiques du rock comme "Guitarman", la perle acoustique "My Girl" ou le fameux "Little Red Rooster" de Willie Dixon déformé, saturé et hurlé dans une version apocalyptique qui pourrait presque nous faire admettre que oui, le blues est bien la musique du diable...

Qu’il s’agisse de reprises de songwriters (Leonard Cohen avec "Tower of song") ou de groupes psychédéliques (les 13th Floor Elevators avec "Reverberation")...

Qu’il s’agisse de brûlots bruitistes et hargneux comme "Reverence", "Heat", "Write Record Release Blues" (un modèle de chanson des J&MC par excellence), "Penetration" ou l’interminable et impeccable version de "Sidewalking"...

Qu’il s’agisse de morceaux plus calmes où on sort les guitares en bois comme "My Girl" , "Don’t come down" qui préfigure ce que sera la tonalité semi-acoustique de l’album Stoned & Dethroned ou bien la version acoustique de "Teenage Lust"...

Qu’il s’agisse de n’importe quel morceau de cet album, en fait, la perfection est ultime. Oui, d’accord, on a souvent dit que les Jesus & Mary Chain ne savaient jouer qu’un seul morceau... (par exemple "Heat" et "Teenage Lust" ont vraiment un gros gros air de famille) mais ils savent le jouer de tellement de façons différentes que ça force l’admiration !

Un des rares exemples de compilations de titres rares qui a su trouver sa place à part entière dans la discographie d’un groupe. Un must absolu.