Ride - Weather Diaries
Le shoegaze est à la mode. Ce courant, d’ailleurs plutôt appelé noisy-pop à l’époque, a le vent en poupe et de nouveaux artistes émergents tentent d’emprunter ce sillon de manière opportuniste.
1. Lannoy Point
2. Charm Assault
3. All I Want
4. Home Is A Feeling
5. Weather Diaries
6. Rocket Silver Symphony
7. Lateral Alice
8. Cali
9. Integration Tape
10. Impermanence
11. White Sands
Ils se réfèrent alors bien souvent aux deux mastodontes du mouvement que sont My Bloody Valentine et Ride, oubliant trop souvent Slowdive. Des formations incontournables du début des années 90 (et même un petit peu avant pour les premiers nommés) qui ont cessé leurs activités au mitan de cette même décennie et qui n’ont pas su résister à la tentation de se reformer.
My Bloody Valentine avait ouvert le bal en 2013 avec un mbv mi figue-mi raisin tandis que Slowdive reprenait du service le mois dernier avec un chef-d’oeuvre d’album au titre homonyme. Ne restait donc plus que Ride dont la reformation pour une tournée en 2015 laissait déjà présager la genèse d’un cinquième LP.
Après les sommets Nowhere et Going Blank Again en 1990 et 1992, les Britanniques avaient poursuivi leur discographie jusqu’en 1996 sur le rythme métronomique d’une sortie tous les deux ans avec le dispensable Carnival of Light et l’échec du virage britpop de Tarantula. Lorsque Weather Diaries fut annoncé, l’excitation des fans n’avait donc d’égale que leur inquiétude à l’idée que cette trajectoire descendante se poursuive.
Annoncé par Charm Assault et son clip psychédélique réalisé par Anton Newcombe et Jean de Oliveira, Weather Diaries est un disque qui refuse de choisir. Intermédiaire. Loin de la déception de mbv mais aussi éloigné de l’enthousiasme généré par Slowdive - notons que Ride a été plus ambitieux que ses cousins au moment de choisir le titre du disque - Weather Diaries est bien plus intéressant que Tarantula mais ne boxe pas dans la même cour que Nowhere.
Mais devions-nous attendre autre chose de la reformation de Ride ? Pouvions-nous décemment leur demander de composer un chef-d’oeuvre de shoegaze en 2017 alors même qu’ils semblaient usés lors de leur séparation en 1996 et semblaient avoir déjà tout dit ? Ce n’est pas parce que Slowdive tord le cou à l’affirmation voulant que les reformations sont toujours décevantes que Ride devait réaliser un sommet.
Toujours est-il que le fait de publier leur disque - sur le label Wichita (Simian Mobile Disco, Bloc Party ou Cloud Nothings) fondé par Mark Bowen et Dick Green de Creation - un mois et demi après un Slowdive de ce calibre dessert Ride. La comparaison est évidente et elle penche du côté de la bande de Neil Halstead, mais celle de Mark Gardener et Andy Bell n’est pas pour autant anecdotique.
Trêve de contextualisation. Weather Diaries ne déroutera pas l’auditeur habitué aux terrains défrichés par les Oxfordiens. Il est introduit par un Lannoy Point à l’intensité croissante qui s’ancre entre la coldwave des Cure et la dream-pop dont furent coutumiers les musiciens pour se poursuivre avec un Charm Assault au rythme appuyé. Si ce titre revêt un caractère planant, il se déplace à la vitesse d’un boeing. De la dream-pop initiale, il ne reste finalement plus grand chose sur ce morceau.
Et l’impression se poursuit sur les premières mesures d’un All I Want à l’introduction déroutante en ce sens que les effets de syncope électronique sur la voix ressemblent à un recyclage pop des travaux de Burial. L’atmosphère ne s’éternise pas et la réverbération des pédales de guitare prend rapidement le relais, ramenant Ride dans des territoires shoegaze où le groupe excelle.
La suite du disque est à l’avenant, se permettant, dans ses meilleurs moments comme le sommet homonyme Weather Diaries, une accointance avec l’univers des Cure admise par Andy Bell qui reconnaît l’impact de Seventeen Seconds et d’un concert de la bande menée par Robert Smith auquel l’ensemble du quartet a assisté dans la fosse d’un festival sur l’île de Wight.
Les grands moments ne manquent pas. Sur Cali, l’apparition des pédales tant attendues accompagne une progression vers un panel émotionnel onirique dont l’aspect pop vient rappeler qu’Andy Bell a, entre-temps, collaboré avec Oasis. Par ailleurs, la construction à tiroirs autour de thèmes répétitifs de White Sands convoque une mélancolie idéale parfois proche de celle des premiers Radiohead pour clore cet album.
A l’exception d’une paire de titres plus dispensables, Rocket Silver Symphony, ses guitares lourdes et le chant emprunté de Laurence Colbert en tête, Weather Diaries constitue donc un vrai bon disque. Pas un chef-d’oeuvre digne de la paire de disques ouvrant la discographie du groupe, mais il subtilise la place occupée par défaut par Carnival of Light sur le podium du groupe. Accessible voire instantané mais se bonifiant au fil des écoutes - les lourdeurs s’estompent alors - Weather Diaries est un disque de qualité sur lequel émergent renouveau, mélancolie, sens mélodique et sérénité.
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Chaque dimanche, une sélection d’albums récents écoutés dans la semaine par un ou plusieurs membres de l’équipe, avec du son et quelques impressions à chaud. Car si l’on a jamais assez de temps ou de motivation pour chroniquer à proprement parler toutes les sorties qu’on ingurgite quotidiennement, nombre d’entre elles n’en méritent pas moins un avis (...)
Le groupe Ride est né en Angleterre en 1988. Il est composé de deux guitaristes chanteurs : Mark Gardener et Andy Bell, du batteur Laurence Colbert et du bassiste Stephan Queralt .
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