Le streaming du jour #1553 : Tadash - ’Rivals EP’
Cyrille Poumerie et Clément Malherbe font partie de ces artistes que l’on ne se lasse pas de défendre dans nos colonnes. Auteurs chacun de leurs côtés, en tant que Cyrod Iceberg et Malherbe, de disques en solo soutenus par notre webzine, les Français sont également des stakhanovistes multipliant les collaborations, particulièrement le premier nommé.
De Cyrod Iceberg à Red Space Cyrod en passant par Greenfield, duo formé avec Bernard Gomez suite à une rencontre virtuelle dans les colonnes de notre forum, Cyrille Poumerie ne semble effectivement jamais s’arrêter et semble à l’aise dans des domaines variés, qu’il s’agisse d’une folk brute dont on retrouve ici quelques réminiscences sur Garçon, de bidouillages synthétiques ou d’expérimentations art-rock.
Les deux compères dont il est ici question se réunissent pour la troisième fois sous l’alias Tadash. Après un premier EP éponyme en août 2014 et un long-format intitulé Shadow of Dreams et publié le mois suivant, les artistes poursuivent une œuvre complexe qui oscille entre différentes humeurs et centres d’intérêt.
Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on a tant de choses à dire. Le propos de Tadash est aussi dense que pertinent et, dès le The Spirit of Solitude (Driving) initial, l’évolution est perceptible. Il y a en effet du Beirut dans ces syncopées jazzy boisées et étouffées qui soutiennent une composition plus orchestrale qu’à l’accoutumée s’appuyant sur des instruments traditionnels et une voix chancelante mais ô combien touchante.
Les relents Twin Peaksiens d’Observatoire dont la rythmique jazzy et les circonvolutions cultivent un attrait pour le mysticisme et l’étrange ne sont pas sans rappeler le Black Mountain qui figurera sur notre compilation IRMxTP, tandis que Cocktail of Snakes évoque le krautrock glauque de Geoff Barrow pour BEAK>. Tadash donne en permanence l’impression de maîtriser des éléments qui le dépassent, en témoignent également les déconstructions électroniques d’un Circonstances pour Louis au pouvoir transcendant tant il effectue un grand-écart entre la fragilité d’une ballade cotonneuse mais jamais candide et la manière dont les machines broient et avalent leur production.
A l’instar des plantes urticantes qui s’invitent sur la pochette de cet EP, les compositions du duo sont fascinantes mais il convient, pour la santé (physique ou psychique, c’est selon) d’éviter tout contact prolongé. Car c’est un aller sans retour vers les méandres de nos névroses intimes qui nous est ici proposé.
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