King Biscuit - Well, Well, Well
Well, Well, Well, c’est ce genre de disque qui en surprendra plus d’un. Parmi la multitude de galettes à écouter, le chroniqueur peut parfois être tenté d’écumer la pile qui s’amoncelle près de son lecteur en interrompant l’écoute dès les premières minutes, se rendant compte d’emblée qu’elle ne correspondra pas à ses appétences.
1. Down And Below - Slow
2. Mess Around
3. Want You So Bad
4. Son House
5. Turn Out
6. Well, Well
7. Lonesome Shark
8. Follow The River
9. Holy Land
10. Down And Below - Fast
11. Down The Shore
Avec Well, Well, Well, cette tentation a pu émerger alors que le Down And Below introductif n’avait débuté que depuis quelques dizaines de secondes. Pas l’envie d’écouter un blues rock à cet instant précis.
Pourtant, ce je-ne-sais-quoi qui pousse parfois à faire quelque chose de contraire aux émotions premières, ce sentiment de voir le cœur s’opposer à la raison, a permis à ce disque de prendre sa place dans ledit lecteur.
C’est alors que King Biscuit dévoile l’étendue de son talent, car il n’est plus seulement question de blues-rock, quoi que l’on ne s’en éloigne jamais tout à fait. Leader du projet, Sylvain Choinier a notamment collaboré avec le musée de la musique-philharmonie de Paris dans le cadre de l’exposition mettant en valeur les travaux des Américains du Velvet Underground. C’est d’ailleurs suite à un voyage outre-Atlantique dans l’état du Mississippi que le Rouennais a initié ce projet.
Aux côtés de Frédéric Jouhannet, qui assure ici les percussions et parties de violon, Sylvain Choinier décline des mélodies aussi bien électriques que portées par les guitares en bois. Ainsi, un déluge d’électricité envahit un Well, Well assoupli par une batterie plus raisonnable, tandis que Follow The River n’est pas sans rappeler Dr Geo pour cette capacité à faire résonner l’évidence à partir d’un matériau brut presque lo-fi à l’image de cette voix étouffée.
Dans un tout autre registre, l’aridité des guitares en bois sur Want You So Sad lui confère un caractère country-rock également perceptible sur le sommet Holy Land où la mélancolie vocale est accompagnée par une montée en puissance de la 6-cordes alors même que le violoncelle fait chavirer l’ensemble dans une énergie déchirante.
Les cordes, justement, occupent un aspect tout à fait prépondérant sur cet enregistrement. Les dissonances du violoncelle de Mess Around ont généré cette envie de poursuivre l’écoute jusqu’à son terme, alors même que les expérimentations du même type sur Son House s’atténuent au cours du morceau qui se fait plus mélodique.
Picking, cordes et orientation blues dominent ce Well, Well, Well étonnant et globalement sec, à l’image du Lonesome Shark dont nous dévoilons le clip en exclusivité, sans toutefois jamais l’être suffisamment pour donner la pâteuse à l’auditeur. Au contraire, s’il s’agit du prix à payer pour tout plaquer et s’aventurer dans un road-trip entre Tennessee et Arkansas, l’hésitation ne devrait pas durer très longtemps.
King Biscuit - Lonesome Shark
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