Ty Segall - s/t
Le garage n’est pas nécessairement le courant musical le plus subtil, mais Ty Segall n’en est pas à un coup de pied dans la fourmillère près. Aussi ce dernier parvient-il avec ce deuxième disque éponyme - le premier ayant été réalisé en 2008 - à tordre le coup aux clichés pour produire un contenu ambitieux et plus apaisé que certains de ses travaux précédents, à commencer par Twins.
1. Break A Guitar
2. Freedom
3. Warm Hands (Freedom Returned)
4. Talkin’
5. The Only One
6. Thank You Mr. K
7. Orange Color Queen
8. Papers
9. Take Care (To Comb Your Hair)
En effet, Thank You Mr. K est bien le seul titre sur lequel on retrouve la lourdeur d’un garage (rien d’étonnant lorsque le morceau débute par le bruit de verres s’écoulant dans une benne) dominé par un riff électrique trop fourre-tout pour convaincre l’auditeur. Ou quand l’artiste attache davantage d’importance à la forme qu’au fond. Ce contre-exemple est heureusement isolé et trop court pour contraster avec l’agréable sensation d’ensemble qui se dégage de ce nouvel éponyme.
Car Ty Segall prouve sur ce disque qu’il appartient à la caste de ces génies productifs, capables de pondre en quelques mois un contenu cohérent sur lequel apparaît notamment l’héritage du Beck bricoleur des débuts sur un Warm Hands déstructuré, bipolaire et semblant mêler plusieurs vies au point d’intégrer refrain de slacker sur déluge d’électricité, cris et digressions post-rock apaisées.
Même les passages les plus bruitistes sont convaincants, à l’image d’un The Only One entre prog et britpop abrasive sur le plan instrumental, tandis que le phrasé lourd semble puiser ses racines dans les années 70 et en ce sens, se rapproche de plus en plus de celui de Marc Bolan (T Rex).
Mais la vraie surprise de ce Ty Segall réside dans l’épure dont peut faire preuve son auteur. Celui-ci délaisse ponctuellement les expérimentations d’Emotional Mugger, si bien que la folk dépouillée nous fait parfois hésiter entre Bob Dylan et Elliott Smith. Une sensation particulièrement prégnante sur Talkin’, bien que l’influence du dernier nommé soit clairement la plus perceptible en raison d’un chant hanté, de l’utilisation de guitares en bois entraînantes et d’une batterie envoûtante (Orange Color Queen). La légèreté d’un piano peut alors accentuer la dimension aérienne d’une pop portée par des percussions métronomiques (Papers) où l’électricité intervient subrepticement (Take Care).
En somme, malgré la dernière farce que constitue Untitled et ses quelques secondes, Ty Segall délivre une copie particulièrement intéressante et plus sérieuse qu’il n’aimerait nous le faire croire. Son talent de songwriter apparaît de manière aussi évidente que la qualité des musiciens, renforcés ici par la présence de Ben Boye et Emmett Kelly, habituels collaborateurs d’Angel Olsen. Un très bon cru.
Préparez vos mouchoirs, c’est l’heure de la shitlist (d’avance toutes nos excuses aux défenseurs de l’exception française, on n’avait pas assez de Moltonel pour Paradis et PNL).
Troisième et dernière fournée du jour dominée cette fois par l’indie pop qu’on aime, qu’elle soit ambitieuse ou minimaliste, rêveuse ou tourmentée. Ajoutez un soupçon de hip-hop, une pincée de soul jazzy et servez frais ! 1. Julianna Barwick (chœur des anges) Ses harmonies célestes et son spleen éthéré nous avaient manqué depuis The Magic Place, (...)
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