Difficile de croire, lorsque l’on écoute le troisième album de Goat, que le combo nous vient de la communauté arctique de Korpilombolo en Suède. Au regard des sonorités développées sur Requiem, on imaginerait davantage un groupe de touaregs intégrant des éléments issus d’un rock plus classique.

En somme, et pour ne rien se cacher, on pense assez régulièrement à Tinariwen. Pour autant, à l’inverse de certains courants comme le post-rock, cette fusion entre musiques traditionnelles nord-africaines et rock plus conventionnel n’étant pas suffisamment ancrée dans le temps pour nous avoir lassé, toute redondance est ici écartée.

Une redondance qui, de toute manière, n’aurait sans doute jamais émergé avec un disque aussi hétérogène que celui-ci. Varié, et en même temps terriblement cohérent. Les quatorze morceaux s’enchaînent en toute logique, et le fil conducteur du disque semble évident.

World Music, le premier album de Goat, portait terriblement bien son nom. Si les Suédois se sont désormais affranchis de cette seule étiquette pour y intégrer des éléments plus "occidentaux" - les membres du trio indiquent qu’il s’agit-là du plus "folk" de leurs opus, caractère assez prégnant sur un titre tel que Goodbye - Requiem constitue un formidable recueil d’influences.

Disque prenant la forme d’un patchwork sonore, il comblera n’importe quel "citoyen du monde". Guitares sahariennes ou électrisantes, flûte andine, piano cristallin, le trio brasse large pour un résultat chargé d’une émotion jamais dégoulinante. A l’écoute de Requiem, un désir émerge : celui de se diriger vers des contrées inconnues, qu’elles soient désertiques ou envahies par une flore inconnue. En somme ? Requiem est un disque labyrinthique au sens propre : l’auditeur prendra plaisir à s’y perdre, pour revenir plus conscient vers la réalité.