Le streaming du jour #1388 : Melodium - ’Luminol’
Pour sa nouvelle sortie chez Audiobulb, à la cover bleutée comme le fameux composé chimiluminescent servant à détecter les traces de sang qui lui donne son nom, Laurent Girard choisit de faire naître les mélodies du bruit ambiant, voire de laisser s’épanouir au premier plan field recordings et autres captations de parasites analogiques amalgamés en fantasmagories abstraites.
Enregistré en 2012/2013 mais gardé jusqu’ici dans les tiroirs par le prolifique Angevin dont on vantait encore il y a deux ans les labyrinthes somatiques de l’ambitieux Taramae, Luminol revient à une forme nettement plus minimale et resserrée. Des vignettes de 2 à 4 minutes qui n’en présentent pas moins les mêmes qualités organiques, à commencer par les beats et autres pulsations de sons trouvés dont les textures évoquent respirations, frottements, battements cardiaques, bruits de pas sur l’asphalte (on imagine que bien souvent, c’en est) ou foulées en terrain mouvant.
Au gré de la série sn, cette rythmique est prépondérante et tend vers l’abstraction samplée d’un Matthew Herbert (sn 2, ou sn 4 avec ses allures de techno dadaïste lorgnant sur les vieux Mouse on Mars) sur fond d’échantillonnage naturaliste (éléments, chants d’oiseaux, brouhaha urbain...), de crépitements étranges, de bourdonnements mystiques et de voix déformées, alors que celle des int, alternant en format plus court avec ces instrumentaux intrigants, voit s’extirper de ce tapis de cliquetis mouvants le genre de micro-mélodies aux rêveries tantôt carillonnantes (int 1 et 5), tristounettes (int 2 et 3) ou les deux à la fois (int 4) qui ont fait le charme de la plupart des sorties du Français ces 15 dernières années.
Piano préparé, idiophones en écho, claviers spleenétiques ou guitare bucolique se frottent ainsi au bruit du vent, de l’eau ou de la circulation pour évoquer cette bulle de solitude parfois délectable ou mélancolique qui nous suit partout, de la grisaille des villes aux retraites verdoyantes, samba sous un crâne (sn 5) ou confrontation à cette fuite du temps qui rend notre environnement presque intangible et si distant parfois (int 6 et son crescendo drone désincarné qui clôt l’album sur une touche d’anxiété rampante) :
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Nappy Nina & Swarvy - Out the Park
- Greg Cypher - Hello, I Must Be Going
- Hugo Monster feat. Paavo (prod. LMT. Break) - Checks In The Mail
- Bruno Duplant - du silence des anges
- Roland Dahinden performed by Gareth Davis - Theatre Of The Mind
- Hochzeitskapelle - We Dance
- Adrian Younge - Linear Labs : São Paulo
- Grosso Gadgetto - Addictive Substance Compilation
- R$kp - Weird Place
- Taylor Deupree - Ash EP
- Tarwater - Nuts of Ay
- IRM Expr6ss #14 - ces disques de l’automne qu’on n’a même pas glissés dans l’agenda tellement on s’en foutait : Primal Scream ; Caribou ; Tyler, The Creator ; Amyl and the Sniffers ; Flying Lotus ; The Voidz
- Simon Fisher Turner - Under The Arches
- Hochzeitskapelle - We Dance EP
- Bruno Duplant - du silence des anges