Il y a deux ans, on s’interrogeait précocement mais non sans légitimité sur le futur de Beverly, parfaite incarnation de ces plaisirs légers comme une brise d’été qui s’en vont avec la belle saison sans vous laisser d’autre impression que le charme de la fugacité.

Il faut bien admettre en effet que l’on n’est pas revenu très souvent vers Careers, et qu’en dépit de ses charmantes qualités de candeur mélodique aux contours abrasifs, le départ quasi immédiat de la batteuse et fondatrice Frankie Rose (Crystal Stilts, Vivian Girls et Dum Dum Girls) ne laissait rien augurer de particulièrement fameux pour la suite.

Pourtant on y croyait, et la personnalité de Drew Citron, au chant d’emblée nimbé de reverb irréelle sur le Bulldozer éthéré qui ouvre The Blue Swell à la façon d’un improbable rejeton post-punk de Slowdive lancé pied au plancher, aura bel et bien eu raison des oiseaux de mauvais augure. On retrouve ainsi sur Victoria ce cachet 90s décadent et larsenisant à la Pixies circa Bossanova que même ces derniers ont perdu, et si l’intro polie de South Collins dans la foulée nous fait craindre l’espace d’un instant une resucée des Cranberries c’est en fin de compte plutôt du côté de Mazzy Star (cf. le bottleneck rêveur) que furette ici la guitare du Scott Rosenthal, seconde moitié d’un duo brooklynite capable de conjuguer rêveries baroques et dynamique pop-punk (le superbe Lake House, ou la rencontre de His Name Is Alive et des Strokes) entre deux petits hits binaires aux distos bien rétro, qu’elles soient surf sur Contact ou indie typiquement 90s sur l’hyper efficace You Used To Be.

Suffisamment classieux en somme pour pardonner les quelques incursions trop ouvertement romantiques/nostalgiques des inoffensifs The Smokey Pines ou Don’t Wanna Fight, et s’assurer un autre été d’électrisante et incandescente insouciance en compagnie de Beverly... en attendant le prochain album dans deux ans ?