Forcément, lorsque l’on est le fils de Robert Forster, ancien membre des Go-Betweens mais toujours passionnant en solo – on lui doit notamment le fameux Songs To Play paru l’an passé – il est difficile de s’affranchir totalement de cette étiquette.

Toutes les chroniques évoquent donc avec délectation ce lien de filiation entre l’Australien et le jeune guitariste de seize ans Louis Forster, membre de la formation The Goon Sax fondée voici trois ans avec James Harrison avant que la batteuse Riley Jones ne rejoigne l’aventure.

Les lycéens ont pris leur temps avant de produire Up To Anything, un premier album qui parvient à faire cohabiter de manière évidente une fraîcheur typiquement adolescente et une maîtrise que l’on attribue habituellement plutôt aux vieux routards.

Déjà vieux à leur âge ? Que nenni. On l’a dit, la fraîcheur est là et il n’y a pas besoin d’envoyer un riff musclé sur chaque composition pour être congruent. Une touchante candeur juvénile apparaît ainsi sur certains titres tels que Susan et son pipeau digressif. Mais c’est surtout par une forme de relative nonchalance, manifeste dans le chant, que le trio retrouve l’âge de ses artères.

L’héritage de papa est évident, et le combo de Brisbane fait régulièrement référence dans ses compositions aux Go-Betweens, mais également aux Pastels voire plus ponctuellement aux Smiths ou Belle & Sebastian (Making The Worst). Surtout, les Goon Sax sont capables de nous distiller ces quelques titres qui donnent un supplément d’âme à un opus, à l’instar du single imparable Boyfriend ou, plus encore, des faux-semblants apaisés de la mystérieuse Home Haircuts. Pendant masculin – au moins sur le plan vocal – de leur compatriote Courtney Barnett, les adolescents pourraient bien, en ajoutant une once supplémentaire du subtilité dont on excusera volontiers l’absence, s’affirmer comme une formation qui comptera ces prochaines années.