Sans indulgence particulière pour la diva Pete Doherty ou pour ses excès d’ado gâté qui ont en fait l’icône mainstream d’une fantaisie de rébellion romantique pour lectrices de Vogue, on n’espérait pas mieux de cette résurrection des Libertines que des dernières sorties peu remarquées du bad boy le plus attardé, inoffensif et agaçant du rock anglais depuis Liam Gallagher, la grande gueule en moins et Kate Moss en plus.

D’emblée, le début d’album nous donne raison, un single éponyme idéalement cool et charismatique surnageant entre hymnes faciles aux gimmicks éculés (Barbarians, un Gunga Din choral éhontément taillé pour les radios FM, le vieillot Belly Of The Beast aux effets de production peu élégants), cirques gipsy sans inspiration (Fame And Fortune, Iceman) et autre ballade cheesy à faire passer la maturité pour une tare d’ancienne gloire du songwriting sur le retour (Heart Of The Matter).

Heureusement, il reste un petit quelque chose du premier et meilleur album de la paire Barât/Doherty sur les enlevés et spontanés You’re My Waterloo et Fury Of Chonburi, et même quelques fragments de leur bromance branleuse sur le nonchalant et pourtant presque incandescent Glasgow Coma Scale Blues, tandis que le dépouillé Dead For Love, précédant une salve de faces-B inutiles sur l’édition double CD, fait preuve d’une belle intensité feutrée sur fond de mélodie brit-pop à la Supergrass.

Pas la reformation la plus indigne de l’année, donc. C’est même plutôt mieux que Sleater-Kinney, et dieu sait qu’on n’aurait pas misé la moindre pièce sur cette éventualité.