Le streaming du jour #1236 : RIEN - ’1 EP’
Plus ne m’est rien, car RIEN n’est plus. Ou ne sera plus, du moins, à compter du 1er décembre, date de sortie de ce dernier EP du fameux compte-à-rebours discographique, lâché par leur non-label l’Amicale Underground 15 ans jour pour jour après la formation de ce singulier quintette grenoblois. 15 ans, comme promis, pour sortir de nulle part, laisser une empreinte singulière sans trop se prendre au sérieux, et disparaître comme si rien ne s’était passé. Pourtant nous saurons, nous, en jetant dans quelques années un regard dépité sur ce qu’il restera du rock français des années 2000/2010, que RIEN est bel et bien passé, pour le meilleur.
Parce qu’il en aura fallu du culot pour délaisser le post-rock cinématographique tant vanté des débuts, devenu un brin grandiloquent sur le kraut-rockeux 3, et s’en aller clamer sur 2 leur passion pour les synthés de Kraftwerk et les divagations proto-Motorik de Neu !. Et parce qu’il en faut tout autant aujourd’hui pour flirter avec les guitares en suspens de Gustavo Santaolalla et les motifs de piano minimaux de Philip Glass sur une Ballade lyrique et joliment latine aux entournures dans la chaleur qu’elle nous procure, lorgner sur les arrangements baroques des westerns d’Ennio Morricone et les transes de l’americana primitiviste sur Ça Barde Chez Les Bardes, méditation de vieux chaman indien avec Jull au micro, avant de revenir, en mieux, sur ce qu’ils faisaient déjà si bien avant, le temps d’un homérique La Défaite Des Vainqueurs toutes guitares dehors.
Il faut dire que RIEN c’est quand même tout un tas de choses, l’ambition des crossovers les plus improbables (post-rock et dub, noise et pop crayola, musique lyrique et Motorik, etc) et l’humilité de distribuer leurs albums en libre téléchargement, un sens de l’épopée et une bonne dose d’humour décalé (en témoigne ici la sérénade finale qui énumère nonchalamment les dernières volontés du groupe pour sa mort annoncée, un peu comme Divine Comedy déclamait ses crédits non sans un soupçon d’ironie à la fin de Casanova), du talent et un peu d’attitude aussi (personne n’est parfait). On les regrettera donc d’autant plus que cet EP constitue leur sortie la plus aboutie, en espérant un dernier baroud d’honneur à la hauteur sur les quatre dates à venir en cette fin de semaine :
le 27 novembre à la Péniche de Lille ;
le 28 à la Maroquinerie de Paris (Gonzai Party) ;
le 29 au Marché Gare lyonnais ;
et finalement le 1er décembre à domicile pour un suicide en direct de La Bobine de Grenoble, à ne pas louper si vous êtes du coin !
... en attendant peut-être que RIEN vienne à se transformer, puisque rien ne se crée ni ne se perd à ce qu’on dit.
En écoute via Gonzai :
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Squarepusher - Dostrotime
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
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