Dissocions une bonne fois les Lyonnais de l’étiquette trip-hop qui leur colle à la peau à l’écoute de ces vignettes ultra-mélodiques marquées par le rétro-futurisme mélancolique et racé de Broadcast, Stereolab ou même Air du temps de Virgin Suicides, clavecin baroque, sifflotements morriconiens et basses rondes en avant entre deux incursions pulsées d’un synthé farfisa évocateur de ces séries B italiennes d’antan dont les pseudo James Bond roulaient en vespa, une fille à chaque bras.

A l’image du dipyque d’EP Uncolored et de leur précédent LP Extravagant, Grotesque & Nonchalant, c’est en effet la fascination pour les premières heures du psychédélisme et de la pop baroque d’un groupe influencé jusqu’à son nom par les swinging sixties qui ressort des instrus au spleen faussement léger de Hirondelle & Beretta, BO d’un film d’espionnage imaginaire décliné en roman-photo (ou "polaroid pulp fiction" nous dit le groupe) de 120 clichés. Et lorsque le chant de Béatrice Morel, entre deux chœurs fantomatiques (La Ruine) ou farfelus (Bacharach n’est pas loin sur Mutuelle Appréciation), flirte avec la poésie lounge et le surréalisme anachronique de Laetitia Sadier sur L’Enquête, on n’a plus qu’à s’abandonner à ces atmosphères de fantaisie où le danger devient jeu et vice-versa.