Le streaming du jour #827 : Dethscalator - ’Racial Golf Course, No Bitches’
Formé en 2008, il aura fallu pas moins de cinq années pour que Dethscalator sorte son premier album, Racial Golf Course, No Bitches que l’on peut enfin écouter en toute fin d’article. Cinq années, c’est long. On peut d’ailleurs se demander ce qui a pris tant de temps. Probablement pas la pochette, absolument immonde. Ni les morceaux qui ne valent pas beaucoup mieux. Dégueulasses, de guingois, baveux et débordant du cadre, ils ne disposent d’aucun angle droit et tiennent à peine debout. En un mot : on adore.
Dethscalator est un groupe anglais qui arpente les rivages incertains d’une noise canal historique qui n’a plus rien de conventionnelle. En se baladant sur leur bandcamp, on tombe sur un split qu’ils ont partagé avec Hey Colossus en 2009 et ce qu’on y entendait alors n’a plus grand chose à voir avec ce Racial Golf Course, No Bitches qui nous intéresse aujourd’hui.
En 2009, le chant fait immanquablement penser à David Yow, plus maintenant. Une sorte de cri primal continu, chaotique et malsain l’a remplacé. La voix a effectué sa mue et à la place d’un joli papillon bariolé, la chrysalide a dévoilé un truc bien noir et à l’agonie. En 2009, les riffs débarquent tout droit de la galaxie Amphetamine Reptile/Touch And Go. Aujourd’hui, on ne sait plus trop d’où ils viennent si ce n’est de la zone la plus reculée et inaccessible de la psyché du guitariste. La basse et la batterie, malléables et plastiques, continuent en revanche leur travail de sape sans dévier d’un iota.
Bref, la musique de Dethscalator est devenue extrêmement viscérale et c’est bien ce qui la rend passionnante. On y trouve tout un tas de nuances empruntées à tout ce qui se fait de plus abrasif actuellement : un peu de doom sur Shit Village ou It’s What They Call The Clubhouse, Arsehole, du hardcore sur Midnight Feast, beaucoup de psychédélisme ici et là (Felt Leg, Internet Explorer & Friends) et carrément Motörhead sur Black Percy en ouverture. Le tout amalgamé par la force d’un mortier noise particulièrement solide. À chaque instant, Racial Golf Course, No Bitches sonne dégénéré, violent et glauque. Du coup, on comprend pourquoi il fallait cinq années pour accoucher d’un truc pareil. En écoutant Dethscalator, l’ensemble de vos sens seront mobilisés et surtout, ravagés : la vue par la pochette hideuse, l’odorat par l’odeur de souffre, le toucher par les frissons provoqués sous l’épiderme, le goût par le sang dans la bouche et l’ouïe par tout ce que contient ce « Chinese Democracy of noise ».
Définitif et magnifique.
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