Le streaming du jour #740 : Max Richter - ’Disconnected OST’ (+ ’Wadjda OST’)
A demi-convaincant l’an dernier avec sa réinterprétation pourtant acclamée des Quatre Saisons de Vivaldi dont les variations lorgnant sur la musique répétitive, passé le lyrisme du parfait Spring 1, manquaient un peu trop d’audace et de retenue dans leur approche post-minimaliste pour emporter totalement l’adhésion, Max Richter nous revient avec une demi-douzaine de bandes originales dans les cartons, et notamment celle du très remarqué Wadjda tout en cordes et percussions arabes aussi mélancoliques qu’épurées.
Dans la ligne de mire du grand public depuis sa musique de Valse avec Bachir et l’utilisation poignante par Scorsese - dans Shutter Island - du fameux On The Nature Of Daylight extrait de son sommet discographique de 2004 The Blue Notebooks, l’Anglais d’origine allemande est en effet de plus en plus demandé au cinéma et ça n’est pas un hasard si ladite pièce ouvre également le score de ce Disconnected, chronique de mœurs autour de la dépendance technologique et du paradoxal isolement qu’elle engendre.
Déjà visible en salles outre-Atlantique, ce premier long-métrage de fiction du documentariste Henry Alex Rubin sortira dans l’année mais en attendant, Milan Records nous en dévoile déjà les 21 morceaux qui voient les manipulations électroniques tentées par le musicien sur Infra aboutir enfin à quelque chose de naturel et de vivant - pas loin de l’impressionnisme électro-orchestral de Cliff Martinez dont les motifs pulsées de programmations minimalistes et d’arrangements lyriques ou cristallins pour les Traffic, Solaris et autre Contagion de Soderbergh n’en finissent plus de faire des petits (on se souvient de Storm par The Notwist, un ton au-dessus).
Néanmoins, et au contraire donc de la bande à Markus Acher, Richter est encore loin d’égaler ce maître en la matière et si certains passages aux beats hypnotiques déçoivent par leur binarisme en comparaison des travaux d’un Murcof, c’est surtout cette tendance au recyclage qui laisse un peu sceptique chez lui, notamment autour du thème récurrent du sus-nommé On The Nature Of Daylight via la reprise au piano très Nyman-esque de Written On The Sky également tirée de The Blue Notebooks, les déclinaisons des inédits Unwritten et The Swimmer, ou le pourtant très bon Confrontation qui en confronte comme son nom l’indique le phrasé mélodique à des beats sourds et martelés proche de l’ambient-techno crépusculaire du label Stroboscopic Artefacts :
Ainsi, près de neuf ans après ce qui demeure d’assez loin son œuvre majeure et bien que ce Disconnected se révèle de fort belle facture, on espérait plus surprenant de la part de Richter, qui aura toutefois quelques chances supplémentaire de briser le cycle de la redite cette année notamment grâce à la BO du prochain film d’animation d’Ari Folman ( Valse avec Bachir ), Le congrès de futurologie.
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