Le streaming du jour #715 : Monolog - ’Lift And Hold For Stolen’ & Karsten Pflum - ’Sleepwald’
Mads Lindgren ne vient pas vraiment de l’espace, et pourtant ce Danois basé à Berlin se joue des trous noirs, des pluies de météorites et autres rémanents de supernovae pour nous emmener aux confins des galaxies IDM, jazz et drum’n’bass avec ce successeur d’Aerodymanic sorti l’an dernier chez Uhrlaut.
Virtuose du beat implosif et des télescopages d’influences où les sonorités les plus abrasives et martiales (parfois pas loin de l’électro indus ou même du rock bruitiste toutes guitares déglinguées en avant) en côtoient d’autres nettement plus fragiles et mélancoliques, Monolog retrouve d’ailleurs sur ce Lift And Hold For Stolen son ancienne compatriote et collègue de label Sofie Nielsen (Tone), dont les harmonies vocales convoquent le spleen séraphique du Vespertine de Björk le temps d’un Sekktorjek alternant tâtonnements cotonneux et averse massive de clusters rocailleux.
Plus loin c’est Karsten Pflum, autre Danois bien connu quant à lui des amateurs de breakcore algébrique et vénéneux qui s’amuse à déstructurer le morceau-titre de l’album en mode aquatique et caoutchouteux, dernier invité avant une fin de parcours particulièrement déroutante. Des cuivres belliqueux de la cyber-épopée Candice Candance aux incursions manouches de Done Standing où guitare romantique et piano livide défient la menace d’un rouleau-compresseur indus, en passant par le chaos organique de Dead By Guns dont les arpèges translucides nous servent tant bien que mal de fil d’Ariane sous la mitraille des saturations concassées, on sent plus d’une fois le sol du vaisseau se dérober sous nos pieds au profit d’un amas de matière cosmique en fusion, autant dire que l’écurie argentine Plasma Torus avait rarement aussi bien porté son nom :
L’occasion également de toucher un mot du surprenant Sleepwald publié quelques semaines plu tôt par Hymen Records et qui voit l’auteur de No Noia My Love délaisser le beatmaking azimuté qu’on lui connaissait pour s’aventurer du côté d’une ambient résolument minimaliste et onirique, dont les rythmiques réduites à leur plus simple expression (des percussions pulsées de Vere aux martèlements lourds et menaçants de Bat Magick) voire même le plus souvent absentes laissent le champ libre aux nappes distordues et aux radiations synthétiques.
Culminant sur le cristallin FM Sleep et le plus troublant Plim Mill Wall que Plaid n’aurait sûrement pas reniés, l’album progresse d’une relative sérénité mélodique vers des horizons nettement plus ténébreux et voilés, évoquant non sans quelques longueurs le cheminement du rêveur vers les abîmes étranges et fascinants de son propre subconscient :
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