Le streaming du jour #525 : The Murder Of Crows - ’Imperfecta’
Le titre Imperfecta, parlons-en rapidement pour mieux l’oublier par la suite, fait référence à l’Osteogenesis Imperfecta ou ostéogenèse imparfaite, la rarissime maladie génétique dite "des os de verre" qui touche la violoniste et chanteuse Gaelynn Lea, clouée dans un fauteuil et pourtant prompte à nous faire voyager depuis les nôtres avec ce mini-album post-folk qui la voit associée à son ami Alan Sparhawk, frontman des acclamés Low et Retribution Gospel Choir.
L’une volubile et bonne vivante, influencée par ses études classiques et un certain attachement à la musique celtique qui se ressent dans la musique de son duo Snöbarn, l’autre plus austère et secret malgré sa présence depuis près de 20 ans au micro d’un des groupes indie rock les plus respectés de la planète, ces deux-là n’étaient pas forcément faits pour se rencontrer. Et pourtant il aura suffit d’un coup de fil d’Alan, impressionné sur scène par le jeu de violon si particulier développé par l’Américaine en réponse à son handicap, pour que le duo se trouve rapidement des atomes crochus, improvisant d’abord l’an dernier sur les images du film muet The Penalty ( Satan, 1920) avant d’enchaîner avec ce mini-album sorti en catimini au début de l’été.
On retrouve sur les titres les plus réussis les lentes montées en intensité de Low, la guitare aride d’Alan faisant peu à peu grimper la tension sur Paul, We’re Sorry To Wake You Like This tout en laissant le plus gros de l’espace au violon lancinant de sa comparse. Cette intro désolée et l’instrumental suivant, Down By The Lake, avec ses sept minutes de boucles élégiaques au lyrisme plus affirmé, comme plus loin When We Were Young, rappelleront à certains l’univers de Constellation et notamment les débuts d’A Silver Mt. Zion, mais ça n’est finalement là qu’une des facettes du duo et lorsque Gaelynn entonne de son timbre acide aux accents presque enfantins la mélodie baroque de Bird Song puis la ballade Let It Go doublée des harmonies chaleureuses de Mimi Parker, compagne de Sparhawk à la ville comme au sein de Low, la musique se fait plus lumineuse, tout aussi lo-fi mais pleine de ferveur et d’espoir.
Et si la fin d’album déroule un peu, de l’apaisé Mid-Day Waltz lorgnant sur le folklore irlandais au court et méditatif The Waves, demeure la certitude d’avoir assisté en un peu moins de 35 minutes à la naissance d’un projet singulier, forcément imparfait mais auquel on souhaite une longue vie pleine de joie, de tristesse et de mélancolie.
Notons enfin que demain soir à 21h heure française, le duo interprètera l’intégralité d’ Imperfecta à l’Église du Sacré Cœur de son fief de Duluth, Minnesota, une performance diffusée en direct sur internet via le site www.stageit.com. Pour y assister sans bouger de votre écran, il vous suffit donc de vous inscrire ici, avec donation optionnelle. Quant à l’ambition de Gaelynn d’attirer l’attention sur les difficultés des musiciens handicapés, elle en parle plus amplement ici.
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