Le streaming du jour #463 : Luca Nasciuti - ’Vanishing Point EP’
A force d’enchaîner les streamings ambient, l’angoisse de la répétition en deviendrait presque le fardeau quotidien de l’humble chroniqueur au vocabulaire limité. Comment rendre justice aux visions singulières de tant de beaux albums si l’on se prend à frôler la redite jusqu’à en tomber dans une triste routine syntaxique ?
Heureusement, il y a le Londonien Luca Nasciuti et son EP Vanishing Point, dont l’irréductible et subjuguante étrangeté nous servira de bouée de sauvetage pour ce soir. Non point d’ailleurs que les deux titres en question soient d’humeur à sauver qui que ce soit, ici on naviguerait plutôt en eaux troubles, une atmosphère poisseuse et miroitante à la fois culminant sur le bien-nommé Mirror qui semble refléter 13 minutes durant l’antimatière de notre propre subconscient. Ce que l’on y voit nous fascine et pourtant rien de bien rassurant dans ces grouillements glacés et tranchants comme des lames de verre effilées, aux contrastes encore amplifiés par le mastering comme toujours parfait de Lawrence English.
Et que dire alors de Ark, dont le piano atonal nous enveloppe comme un linceul au milieu des inquiétants craquements du bois, de distorsions gondolées tout droit sorties de quelque vieux vinyle, de radiations analogiques soufflées par un vent mauvais ou de ces drones funestes aux réverbérations insidieuses. On sent ici le passif de sound designer de l’Anglais, coutumier des performances d’art contemporain et autres installations vidéo que ses compositions électro-acoustiques particulièrement évocatrices n’ont sans doute aucun mal à transcender, pour peu qu’elles soient à la hauteur de ce Vanishing Point ou de l’album Temporali tout en échos de sonar hantés, en dissonances de cordes élégiaques et en trous d’eau tourbillonnants qui l’avait précédé l’an dernier chez FeedbackLoop, netlabel du notre ami Leonardo Rosado qui le propose toujours en libre téléchargement ici.
Sorti dans un superbe packaging au format DVD sur le label ambient Somehow Recordings, structure prolifique mais hautement qualitative qui a notamment vu passer depuis 2010 les excellents Listening Mirror, Cezary Gapik, Saito Koji ou Pleq en attendant Celer avec l’ambitieux Redness + Perplexity précommandable ici, ce premier EP impressionne par la richesse et la complexité de sa palette sonique autant que par son approche unique du dark ambient - à l’image d’ailleurs de l’album The Wolfbitten Melodies Of My Snowfallen Memories du Canadien A Bleeding Star, récemment paru quant à lui sur le sous-label Twisted Tree Line des mêmes Anglais Tim David Brice et Nico Brice où sévissent d’autres habitués de nos pages, de Damian Valles à Gimu an passant à Isnaj Dui.
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