Alors que l’on attend toujours de voir débarquer l’un des "10 ou 11 albums" que le fondateur de Rephlex prétendait avoir terminé dans une interview livrée au magasine espagnol El Pais il y a tout juste un an, il se pourrait bien que Richard D. James soit tout simplement passé à autre chose.
Apparu en septembre dernier au côté de Krzysztof Penderecki et Jonny Greenwood de Radiohead sur la scène du Centennial Hall de Wroclaw en Pologne à l’occasion du Congrès Européen de la Culture, l’auteur de Drukqs y avait notamment interprété une pièce orchestrale inédite qui le voyait diriger les 48 musiciens à cordes du AUKSO Chamber Orchestra ainsi que les 24 choristes de l’ensemble OCTAVIA par le biais d’un clavier et d’une console de mixage, indiquant en temps réel via des contrôleurs placés à la vue des intervenants et du public les variations d’intensité et d’interprétation souhaitées.
Une drôle d’expérience pour un résultat évidemment beaucoup plus sérieux, puisqu’à la croisée du minimalisme cyclique de Steve Reich et des lamentations hantées du sus-nommé Penderecki que l’on peut visionner en entier ci-dessous :
Pas vraiment drôle donc, mais on n’en imagine pas moins le plaisir qu’a pu avoir le bonhomme - qui n’avait pas loupé Stockhausen en 1995 après que ce dernier ait critiqué sa musique dans un numéro de The Wire - à maltraiter ainsi l’héritage d’une musique contemporaine "écrite" pour laquelle il ne cache pas pour autant son admiration.
Rien d’étonnant du coup à le voir réitérer l’expérience de ce Remote Orchestra (littéralement "orchestre télécommandé") le 10 octobre prochain au Barbican de Londres, avec en prime sa pièce Interactive Tuned Feedback Pendulum Array, librement inspirée, pour boucler la boucle, de l’ultra-strident et répétitif Pendulum Music de Steve Steich daté de 1968 (et interprété tout en feedback par Sonic Youth, c’est pire). Cette fois, il y dirigera l’Heritage Orchestra (28 violons et 12 choristes), et là encore les Polonais avaient eu la primeur de l’évènement l’an dernier :
Bon d’accord, tout ça se passe en Angleterre et qui plus est le concert est déjà sold out, mais faut-il vraiment une bonne excuse pour parler d’Aphex Twin ?