Le streaming du jour #402 : I Like Trains - ’The Shallows’
A une époque où tout va trop vite, rares sont les groupes ayant connu le succès (critique, pour le moins) mais engagés depuis longtemps sur une pente descendante à savoir prendre le temps de tirer les leçons de leurs échecs artistiques pour mieux rebondir. C’est pourtant le cas du combo de Leeds, dont ce quatrième opus en s’aventurant du côté d’un rock synthétique minimaliste et habité parvient à renouer avec l’intensité du temps où le nom du groupe se stylisait encore iLiKETRAiNS.
Il s’en était passé des choses depuis l’acclamé Progress / Reform de 2006, mini-album séminal tout en tension feutrée et pics de lyrisme saturés qui avait mis la barre trop haut, trop vite : la tentative post-rock instrumentale de l’EP The Christmas Tree Ship (2008) qui n’avait que partiellement réussi à conjurer l’ennui d’un Elegies To Lessons Learnt (2007) essentiellement partagé entre grandiloquence et neurasthénie, le virage rythmique en première moitié d’un He Who Saw The Deep (2010) efficace à défaut de véritablement briller dans un registre à la fois frontal et funeste, en enfin l’EP This Skin Full Of Bones passé relativement inaperçu qui en offrait l’an dernier quelques réinterprétations live joliment épurées, complétées de trois inédits réussis mais de facture classique pour le groupe.
Rien, en somme, qui nous eut préparé au beau retour en forme que constitue The Shallows avec ses rythmiques post-punk entêtantes parfois à la limite du dance-rock, son chant plus posé qu’à l’accoutumée, loin des tourments théâtralisés d’antan et néanmoins sûr de sa force, sa guitare rythmique qui sillonne les morceaux avec légèreté sur fond d’arpèges aériens ou autres trémolos lointains, et enfin ses incursions de synthés tantôt vaporeux (Mnemosyne, We Used To Talk), dramatiques (The Shallows, The Hive) ou plus dynamiques et connotés krautrock (Beacons, In Tongues).
Le passage de Ian Jarrold de simple renfort de tournée à cinquième membre à part entière serait-il donc pour quelque chose dans ce revirement aussi décomplexé qu’élégamment négocié ? A en juger par l’univers à la croisée de l’électronica et du post-rock qu’avait commencé d’explorer l’Anglais sous le pseudonyme de Twilight peu après la dissolution des fabuleux Redjetson auxquels I Like Trains et son chanteur David Martin furent longtemps associés, on aurait toutes les raisons de le penser... si ce n’est que finalement, c’est bel et bien le songwriting qui fait toute la différence ici, culminant même tout près, sur The Turning Of The Bones ou Reykjavik, de la majestueuse solennité de The National :
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