2011, entre voyage initiatique et valeurs sûres (album part)

Si, il y a un an de cela, je me demandais si 2010 avait été l’année de l’Islande, je n’en ai plus aucun doute pour 2011 où les Iceland Airwaves ont considérablement orienté mes choix de disques à écouter tout au long de l’année, entre artistes totalement inconnus en dehors de leurs frontières et d’autres, au contraire, dont la réputation n’est plus à faire. Un festival, donc, mais aussi des concerts - peu nombreux mais mémorables - à travers la France et enfin 40 albums auront marqué mon année musicale 2011.

Après un récapitulatif des lives marquants de 2011, voilà enfin la seconde partie du bilan de cette riche année, avec mes albums indispensables cette fois.

1. PJ Harvey - Let England Shake

Tout comme elle l’avait fait avec White Chalk, PJ Harvey a réussi à nous prendre une nouvelle fois à contre-pied avec cet album ambitieux mais plein d’humilité. La reine du rock des 90’s s’est muée en une impératrice incontournable de ce nouveau millénaire.

- La chronique d’Indie
- Morceau choisi : All And Everyone
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2. Ólafur Arnalds - Living Room Songs

J’entends déjà les mauvaises langues dire qu’avec seulement sept morceaux, Living Room Songs est trop court pour figurer dans un top albums. Mais à ce niveau de qualité, il pourrait y avoir cinq titres de plus que ça paraîtrait tout aussi court.
En fin d’année, l’Islandais nous a donc offert sept morceaux inédits et interprétés en live dans son salon pour l’occasion, dont les vidéos sont accessibles sur son site dédié. Il en résulte un très joli disque néo-classique aux arrangements toujours justes et subtils dont la poésie contemplative s’invite dès les premières notes de Fyrsta, pièce pour piano et quatuor à cordes - instruments privilégiés d’Ólafur Arnalds. Si une très légère touche d’électro s’invite sur le deuxième morceau, Near Light, l’album n’en demeure pas moins une ôde paisible.
A (re-)découvrir, encore et encore, à l’instar de l’ensemble de sa discographie.

- Morceau choisi : Film Credits
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3. Vigri - Pink Boats

Révélation de l’année, Vigri vient compléter le podium. Pop philharmonique ? Symphonie lyrique ? La musique des Islandais n’est pas simple à ranger, et c’est tant mieux. Alors, évidemment, on parlerait bien de Sigur Rós pour évoquer les arrangements aériens, mais finalement la comparaison s’arrête là. En effet, Vigri a réussi à trouver sa voie parmi le paysage musical islandais.
Pink Boats est d’apparence très classique, n’allant pas se perdre dans d’obscures recoins expérimentaux. Cela ne l’empêche pas pour autant d’être d’une intensité émotionnelle qui ne cesse de croître au fur et à mesure que les titres s’enchaînent. Déjà, Awakening donne le ton, doux et brumeux, doté d’un sens mélodique indéniable et d’un arrangement "symphonique" bien présent. Mais c’est peut-être sur Animals que l’instrumentation devient véritablement importante de par sa subtilité.
Et puis surtout, il y a Sleep... L’un des plus beaux et plus réussis titres de ce disque. De la mélodie aux paroles, rien ne manque. Les voix de Bjarki et Hans, qui se partagent le chant, se marient à la perfection. Mais Pink Boats ne s’arrête pas après Sleep et réserve d’autres bonnes surprises, à commencer par I Augsyn, plus épuré mais dont le final tout en puissance est une explosion stellaire. Pour finir, These Are The Eyes aux sonorités rock présage le meilleur pour la suite.
Pink Boats est donc, pour les amateurs de lyrisme et d’ambiances rêveuses en particulier, un album à écouter d’urgence.

- Morceau choisi : Sleep
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4. Blueneck - Repetitions

On revient du côté de l’Angleterre avec ce troisième opus de Blueneck pour un spleen délicat agrémenté de révoltes éphémères et puissantes. Entre ambient brumeuse et post-rock aux montées tantôt orchestrales (Pneumothorax, Ellipsis), tantôt plus noisy (The Last Refuge), Repetitions est tout en équilibre. Touchant et fort.

- La chronique de Nono
- Morceau choisi : Ellipsis
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5. Nils Frahm - Felt

Avec Felt, le compositeur et pianiste Nils Frahm nous livre un expressionnisme ambient épuré, plongeant directement dans des méandres intérieurs avec le piano comme seul guide dans ces sombres recoins peu explorés. Cet album se transforme au fur et à mesure de la découverte du subconscient de l’Allemand en véritable introspection de l’auditeur, résonnant en harmonie avec ses propres torpeurs enfouies et oubliées.

- Le Streaming du jour
- Morceau choisi : Kind
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6. Epic Rain & Beatmakin Troopa - Campfire Rumors

On retourne en Islande, même si rien ne l’indique dans le western hip-hop proposé par Epic Rain & Beatmakin Troopa. En effet, entre americana et dark folk, Campfire Rumors renvoit plus aisément au désert aride de Californie qu’à l’immensité froide d’Islande. Complètement cinématique, le premier album de cette collaboration constitue une alliance de styles au service du flow omniprésent.
Les deux producteurs font voler en éclats les idées reçues à propos des artistes islandais : oui, il y a bien autre chose que du post-rock volcanique ou de l’ambient lunaire en Islande.

- Le Streaming du jour
- Morceau choisi : Circles
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7. Lay Low - Brostinn Strengur

Psychédélisme heureux et envolé pour Brostinn Strengur, première entrée à véritable orientation folk de ce classement où la voix légèrement éraillée et au timbre si reconnaissable de Lay Low entonne très justement ses chansons d’inspiration poétique.
Entêtant à souhait, l’ennui ne nous atteint aucunement, grâce à une construction décalée et loin des sentiers battus.

- Le Streaming du jour
- Morceau choisi : Helganga
- En écoute sur Soundcloud


8. Jóhann Jóhannsson - The Miners’ Hymns

Cette bande originale de film, composée pour un projet relatant l’histoire de mineurs du nord-est de l’Angleterre, est d’une beauté terrifiante, d’une noirceur fascinante.
Dès les premières notes, on se sent aspiré par les tréfonds d’une mine qui fait resurgir le vague souvenir d’un Germinal, étudié en classe de première. Les cuivres lancinants, d’abord chaleureux, finissent par devenir glaçants. Car pour la première fois, Jóhann Jóhannsson va composer une pièce autour de cette famille d’instruments, et cette capacité d’illustration n’est pas sans rappeler, parfois, l’orchestration par Ravel de l’oeuvre picturale de Moussorgsky, Les Tableaux D’une Exposition, en beaucoup plus épuré et étouffant.
Outre les instruments, les silences de plusieurs secondes prennent une part de responsabilité non négligeable dans cette ambiance pesante, ne faisant qu’accentuer cette peur du néant. Et après plus de 35 minutes d’écoute tendue, on pense avoir peut-être trouvé un peu de lumière, mais There Is No Safe Side But The Side Of Truth se révèle, telle une complainte liturgique, être une ode aux compagnons perdus, un avertissement sur la voie à suivre pour les autres. Sortir des cavernes de la mine pour retrouver l’air tout aussi humide d’un jour triste et brumeux, qui malgré tout revigore. Le disque reprend ensuite sur ses bases ambient néo-classiques avant une marche finale donnant un sens complet au titre de ce projet.

- Morceau choisi : There Is No Safe Side But The Side Of Truth
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9. Náttfari - Töf

Töf, premier album de ce groupe formé en 2000 (!), fait également partie des révélations islandaises de 2011. Dès l’ouverture au glockenspiel de Sumardagurinn Fyrsti, on est happé par une ambiance inquiétante qui perdurera sur l’ensemble de ce disque post-rock n’hésitant pas à s’aventurer de temps à autre dans des contrées plus noisy.
Bien que l’album soit d’une grande homogénéité - seul Lævís Köttur, single évident, ressort véritablement - on est loin de l’ennui tant les morceaux se répondent les uns aux autres, captivant l’auditeur à chaque instant.
Ce qu’on espère désormais, c’est qu’il ne faudra pas attendre 12 ans avant que le quatuor nous apporte le successeur de ce premier opus plus que prometteur !

- Morceau choisi : Lævís Köttur
- En écoute sur Gogoyoko


10. Helluvah - As We Move Silently

Premier album français de ce top, As We Move Silently a confirmé les espoirs placés en Helluvah après Emotion Pills. Entre rock et douceur, la Française s’installe définitivement dans le paysage des artistes à suivre avec grand intérêt.

- La chronique de Milito
- Morceau choisi : Kids On Crash
- En écoute sur Bandcamp


11. 65daysofstatic - Silent Running

Les Anglais renouent avec le son de leurs débuts sur ce Silent Running, délaissant leur virage électro qui n’était pas des plus convaincants pour un post-rock spatial nettement plus audacieux que We Were Exploding Anyway, à l’image de titres comme The Scattered Disk ou Surgery. Les quelques arrangements un peu cheap s’accordent parfaitement avec le piano post-classique et les déflagrations, certes moins puissantes qu’à l’accoutumé mais toujours latentes.
Définitivement un album de Science-Fiction.

- Morceau choisi : Burial Scene

12. Helgi Jónsson - Big Spring

Il m’aura fallu plusieurs écoutes pour apprivoiser cet album kaléidoscopique et que je découvrais, une fois de plus, grâce au conseil d’un disquaire islandais. Helgi Jónsson, en plus d’être un musicien et chanteur de talent, se révèle rapidement être aussi un mélodiste à fleur de peau (Salt, Good Fireman...).
Les accompagnements sont toujours justes, donnant une dimension grandiose à ces morceaux sans pour autant devenir grandiloquents, comme Dimma tout en montée en puissance, Lonely Birds, s’annonçant comme une simple chanson piano / voix et finissant sur une partie de guitare que Jeff Buckley n’aurait pas reniée, ou encore le lyrique The Pond.
Il ne faut pas non plus oublier les quelques escapades ouvertement plus rock (Passport No Passport), voire reggae (Stuck in Traffic) pour un album aux allures multi-dimensionnelles.

- Le Streaming du jour
- Morceau choisi : The Pond
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13. Esmerine – La Lechuza

Minimaliste et organique, expérimental et bucolique, le troisième album des pensionnaires de Constellation est un appel à l’évasion à l’aide d’un "chamber post-rock" improbable où harpe et violoncelle remplacent les guitares abrasives traditionnelles.
La Lechuza s’apparente à un retour aux sources d’une musique plus tribale, sans tomber dans des clichés passéistes.

- Morceau choisi : Little Streams Make Big Rivers
- En écoute sur Souncloud

14. Explosions In The Sky – Take Care, Take Care, Take Care

Les Américains, fidèles à eux-mêmes, nous offrent un post-rock explosif toujours aussi efficace sur ce sixième album où guitares bruitistes et batterie épileptique sont de sortie. On est certes loin du magnifique All Of A Sudden, I Miss Everyone et il est difficile de dire qu’Explosions In The Sky est en perpétuel renouvellement, mais le combo suit une recette sûre pour servir des morceaux cinématographiques de bon goût.

- Morceau choisi : Last Known Surroundings
- En écoute sur Spotify


15. ERAAS - s/t

"Le Roi est mort, vive le Roi". C’est plus ou moins ainsi que pourrait être accueilli ce "nouveau" groupe, successeur d’Apse qui après un début plus que prometteur avait quelque peu sombré dans une facilité convenue. Retour aux sources donc, avec un dark ambient teinté par moment de cold wave.
ERAAS alterne avec des passages instrumentaux d’outre-tombe et des chants fantomatiques accompagnés de rythmiques primitives apportant un rendu dansant, à défaut d’être joyeux. Idéal pour une zombie party dans les catacombes ?

- Morceau choisi : Briar Path
- En écoute sur Soundcloud


16. Russian Circles – Empros

Post-metal sombre et orageux avec Russian Circles sur cet Empros qui délaisse les cordes dissonantes pour une approche plus brutale qu’elle ne l’était sur Geneva.

- Le Streaming du jour
- Morceau choisi : Schipol
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17. Leyland Kirby – Eager To Tear Apart The Stars

Découvert en 2009 avec son triptyque Sadly The Future Is No Longer What It Was, Leyland Kirby est revenu encore plus prolifique avec notamment Eager To Tear Apart The Stars, sobre et élégant.
Le mélancolique espoir déchu d’une vie meilleure plane sur ce disque, le rendant douloureusement humain, se mêlant aux rêveries diffuses soutenues par un piano dissonant.

- Le Streaming du jour
- Morceau choisi : My Dream Contained A Star
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18. Robin Foster – Where Do We Go From Here

Where Do We Go From Here synthétise à lui seul tous les ingrédients pour produire un grand album : mélodies captivantes, ambiances aériennes et crescendos épiques, soit un condensé de Radiohead, Sigur Rós ou encore Archive. Mais considérer Robin Foster comme un simple ersatz de ces groupes serait fortement réducteur tant l’Anglais a réussi à imposer sa patte.

- Le Streaming du jour
- Morceau choisi : Forgiveness
- En écoute sur Spotify


19. Grails - Deep Politics

Deep Politics est le genre d’albums qui se mérite de part sa complexité et les niveaux d’écoute qu’il offre. Cinématique et parfois lyrique, ce disque se révèle à la hauteur de toutes les espérances que l’on pouvait mettre en Grails.

- La chronique de Leoluce
- Morceau choisi : Deep Politics
- En écoute sur Spotify


20. GP ! – Elabórat

Pour terminer cette première série, retour en Islande avec GP !, qui n’est pas sans rappeler Tortoise sur ce deuxième album post-rock cinématique et passionnant. Elabórat n’hésite pas à survoler les époques (Septentrionalis va puiser dans le meilleur des 70’s) pour un rendu décomplexé.

- Le Streaming du jour
- Morceau choisi : Tegund
- En écoute sur Gogoyoko



Et vingt de plus tout autant indispensables :

21. ORKA - Óró
22. Landscape - Landscape
23. GaBLé - CuTe HoRSe CuT
24. Ben Frost & Daníel BjarnasonSólaris
25. Minor Sailor - How Things Happened
26. Takumi Uesaka & Peter Broderick - Glimmer
27. Lockerbie - Ólgusjór
28. Earth - Angels Of Darkness, Demons Of Lights I
29. We Made God - It’s Getting Colder
30. Coral - Leopard Songs
31. Mugison - Haglél
32. Fujiya & MiyagiVentriloquizzing
33. Arstiðir - Svefns Og Vöku Skil
34. Miri - Okkar
35. Colin Stetson - New History Warfare Vol. 2 : Judges
36. Peter Broderick - Music For Confluence
37. Efrim Manuel Menuck - Efrim Manuel Menuck Plays High Gospel
38. MogwaiHardcore Will Never Die, But You Will
39. Zëro - Hungry Dogs (In The Backyard)
40. Lanterns On The Lake - Gracious Tide, Take Me Home