Funki Porcini - One Day
On le sait depuis Plod en 2009, pas le peine d’espérer d’album majeur de la part de Funki Porcini sur Bandcamp. Il les garde en effet au chaud pour Ninja Tune, fidélité oblige au label qui le suit depuis tant d’années et dont il avait contribué à forger le son à la croisée de la drum’n’bass, du jazz et de l’abstract dès 1995 et le gargantuesque Hed Phone Sex, mais surtout l’année suivante avec Love, Pussycats And Carwrecks, peut-être bien l’album le plus irréductible et fascinant jamais publié par l’écurie anglaise.
1. Quietly Now
2. Möglichkeiten
3. Jiggle
4. Metropolitan
5. Cosy
6. Elephant And Titus
7. Periclese
8. Through The Gears
9. In The Glimmer Of The Sheen
10. King Boing
11. Helium
12. One Day
Pas question donc pour One Day de donner dans la tension crépusculaire ou de réinventer le jazz à la lumière noire d’un beatmaking aussi mouvant qu’élégant (on se contentera pour cela du récent single The Devil Drives en vidéo ci-dessous sur les images de Buñuel), ni même d’en approfondir la dimension mélodique et impressionniste à la façon du superbe et malheureusement trop mésestimé On l’an dernier. Mais finalement c’est tant mieux, car c’est dans une toute autre continuité que s’inscrit ici la délicate palette de James Braddell, celle de sa facette la plus atmosphérique et cotonneuse - on pense à Fast Asleep ou Plod donc mais plus encore à l’EP At The Edge Of The World de mars dernier - comme nous l’annonçaient d’emblée les traînées nuageuses de la pochette et le halo luminescent de ces quelques lettres vouées à se fondre dans la douce lumière matinale.
Non pas d’ailleurs que ce nouvel opus soit dénué de rythmiques, car si quelques morceaux ouvertement ambient jouent bel et bien avec les notions d’éphémère et de temps suspendu (In The Glimmer Of The Sheen) par petites touches pastel de piano aérien (Quietly Now), de glitchs évanescents (Möglichkeiten), de claviers analogiques mouvants (Periclese), d’arrangements acoustiques volatiles (One Day) et autres field recordings fugaces (Metropolitan), le background jazz de l’Anglais ne s’est toujours pas estompé dans le lointain, animant quelques morceaux de subtils soubresauts en roue libre (Jiggle, l’un des deux seuls titres aux accents d’n’b marqués), de cuivres discrètement romantiques (Helium) ou de caresses feutrées du bout des balais. Tandis que sur d’autres, c’est le retour de l’électro qui transperce la brume (Through The Gears) et fait grimper les bpm comme une orchidée vénéneuse éclorait en accéléré dans un documentaire sur la forêt amazonienne : c’est aussi beau pour ses à-coups que pour son déluge de couleurs, ça respire la liberté du monde sauvage jusque dans l’objectif de la caméra mais aussi accueillant que cela puisse paraître, on hésite quand-même à l’approcher de trop près (King Boing).
One Day... un jour peut-être Funki Porcini sera reconnu comme le génie qu’il est. En attendant, profitons donc tout seuls dans nos jardins secrets de ces quelques reflets de lumière printanière sur la rosée du matin, au risque de devoir se rentrer vite fait avec l’arrivée des nuages en milieu de disque (Elephant And Titus). Peut-être pas tout à fait un album majeur pour un rénovateur du calibre de James Braddell, mais des récréations comme ça ils doivent être nombreux à en rêver... et nous avec.
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