Le streaming du jour #200 : Atlas Sound - ’Parallax’
Pour ce 200ème streaming du jour et à l’approche d’un petit relooking visuel qui viendra souligner à compter de demain toute la richesse et la variété des univers musicaux abordés par cette rubrique au fil des valeurs sûres et autres découvertes, nous nous devions de vous proposer un album particulièrement attendu. Place donc à ce troisième opus d’Atlas Sound en écoute jusqu’à mardi sur le blog du New York Times, projet solo d’un Bradford Cox qui n’en finit plus de déchaîner les passions sans pour autant mettre tout le monde d’accord, la preuve.
Vraiment convaincu :
A la vue de ce portrait (réalisé par Mick Rock qui était également photographe sur les albums Raw Power, The Madcap Laughs et Transformer, excusez du peu), on pouvait imaginer Bradford Cox devenir le crooner de ces dames à la façon de Jens Lekman. Il ne s’est évidemment pas métamorphosé de la sorte, étant au travers de son groupe Deerhunter comme de son projet solo Atlas Sound, lorsqu’on le connaît un tant soit peu, une personne assez discrète.
Sur ce nouvel album, il est toujours bien entendu capable de faire chavirer les cœurs avec ses ballades enjôleuses et rêveuses aux mélodies à la fois mélancoliques et organiques (Terra Incognita en est une superbe illustration). Certes, il est loin le temps du premier opus sur lequel il s’adonnait à ses expérimentations de manière quelque peu introvertie mais parfaitement maîtrisée et réussie. Il ouvre aujourd’hui son univers de plus en plus à l’acoustique chaleureuse de guitares qui trouvent parfaitement leur place au sein des pérégrinations électroniques. La musique est toujours son terrain de jeu et d’expression, mais ses aspirations ont aujourd’hui changé. Plus serein, il préfère s’ouvrir au plus grand nombre, même si l’immédiateté de certaines mélodies n’est pas toujours évidente pour tous. Et autant dire, heureusement, qu’elles ne se révèlent pas toutes dès la première écoute.
Sur Parallax, il se livre ainsi avec une sincérité plus touchante qu’à ses débuts grâce à un chant plus en avant et remarquable. Et surtout, il continue sur sa voie pop entrevue sur Halcyon Digest en composant des chansons d’une belle simplicité telles Mona Lisa (dans une version plus aboutie que celle du volume 3 des Bedroom Databank avec la présence notable de la moitié de MGMT) ou Angel Is Broken qui font merveille et lui permettent de devenir ce crooner espéré au regard de la pochette de cet album convaincant à nouveau, lequel peut être vu comme la synthèse de l’œuvre de l’Américain entre ses divers et indissociables projets qui se complètent et se ressemblent de plus en plus fortement.
(darko)
Pas vraiment convaincu :
Démarré en 2008 comme un projet ambient davantage basé sur les textures psychédéliques et rêveuses que sur les chansons, plus en retrait du temps du fascinant Let The Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel logiquement sorti chez Kranky, Atlas Sound aura muté assez rapidement quoique progressivement pour atteindre la forme qu’il revêt aujourd’hui avec ce troisième opus. Or, on le sait depuis l’inégal Halcyon Digest de Deerhunter, par-delà les nébulosités électriques de son groupe ou les fourmillements de ses productions électroniques, on trouve surtout... de l’ennui. Car l’épure n’est pas vraiment le fort du bonhomme, pas plus que le songwriting même si les quatre volumes de Bedroom Databank parvenaient encore à faire illusion par la fraîcheur et l’inventivité constante de ces chansons bricolées en quasi autarcie.
Une spontanéité que l’auteur du parfait Logos tente de retrouver ici, y parvenant même au détour de quelques moments de grâce (de l’aquatique Amplifiers à l’apesanteur de Terra Incognita qu’on aurait quand-même préféré plus court) mais échouant la plupart du temps au gré d’une production onirique somme toute assez artificielle qui semble parodier les grandes heures de son nouveau label 4AD (Te Amo, Parallax) à coups de vocalises envapées malheureusement plus neurasthéniques ou poussives qu’envoûtantes (Modern Aquatic Nightsongs, Doldrums).
Ne parlons même pas des ces tentatives plus rétro où l’Athénien se prend les pieds dans ses mauvaises imitations romantiques de Roy Orbison (My Angel Is Broken, Lightworks) ou des effets parfois totalement incongrus sur la voix comme sur Praying Man aux allures de Destroyer du pauvre ou encore ce Flagstaff qui aurait pu s’appeler Falstaff tant il rappelle bien involontairement le maniérisme bouffon du personnage de Shakespeare. On n’ira pas pour autant parler de tragédie mais il faut bien avouer que l’opus précédent nous avait laissé espérer bien mieux du virage pop de Bradford Cox...
(RabbitInYourHeadlights)
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