Croisée sur des collaborations avec Mark Clifford de Seefeel ou Dmytro Fedorenko* aka Kotra, c’est sur la structure fondée par ce dernier, Kvitnu consacrée aux expérimentations électroniques qu’officie principalement l’Ukrainienne Zavoloka, par ailleurs graphiste attitrée de cet excellent petit label de Kiev.
Une musicienne qui bénéficie déjà d’une belle réputation dans les pays d’Europe de l’Est et dont le dernier album en date Viter, premier d’une série dédiée à la "purification par les quatre éléments" et entamée avec l’air, avait emporté l’adhésion du magazine The Wire en 2007 pour son IDM d’inspiration folklorique. Aphex Twin lui-même jouant les titres de la demoiselle en DJ set, il y avait là de quoi faire enfler les chevilles de certains mais Zavoloka, elle, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Ainsi, marchant sur les traces de son compatriote Dunaewsky69, petit cousin d’Autechre auteur l’an dernier du fabuleux EP Endless chez Kvitnu et plus récemment du tout aussi impressionnant Odessa Sea chez Section 27 à télécharger librement ici, les trois titres de Svitlo délaissent les boucles lancinantes de cordes électroniquement modifiées pour se concentrer sur un soundscaping inquiétant et abstrait, pas bien loin non plus par moments d’un Access To Arasaka (dont le nouvel EP Orbitus justement est enfin téléchargeable chez Tympanik Audio).
Infrabasses profondes, claviers déformés et rythmiques martiales alternent avec des passages plus cristallins qui nous enveloppent dans un cocon de reverb, et s’il subsiste un peu de chant traditionnel sur Svit, il se perd bien vite dans le lointain. Gageons donc que Vedana, son prochain opus à paraître dans les semaines à venir chez Kvitnu** toujours et consacré cette fois à l’eau, saura bénéficier de cette inspiration nouvelle, c’est d’ailleurs plutôt bien parti à en juger par un premier extrait plus méditatif mais tout aussi fascinant et immersif que sa vidéo signée par la Portugaise Laetitia Morais :
* que l’on interviewait il y a deux ans dans le cadre de notre enquête sur la crise du disque.
** récompensé trois fois soit dit en passant lors du septième Prix Qwartz des Musiques Nouvelles sous la présidence d’Alva Noto, pour le meilleur label, l’artiste de l’année pour le duo Portugais Sturqen et l’album découverte pour leur EP Peste de juin dernier, petit chef-d’oeuvre de techno post-industrielle minimaliste et barbelée.